Cinq années se sont écoulées depuis le lancement du prestigieux concours Idéa, orchestré par l’Association des agences de communications créatives (A2C), en partenariat avec la Société des designers graphiques du Québec (SDGQ). Le Grenier vous invite une fois de plus à retrouver les « Brin de jasette », où les président·es des jurys des disciplines Création publicitaire, Design, Craft/Production, Produits et expériences numériques, Résultats d’affaires et stratégie ainsi que Média, pour en savoir plus sur les délibérations.

Eva Van den Bulcke

On débute cette série avec la discipline Craft/Production, présidée par Eva Van den Bulcke, vice-présidente, réalisation chez Septième. La mission des membres de son jury était de révéler au grand jour les artisan·es de l’image et du son qui, au cours de la dernière année, ont imposé leur marque dans l’industrie.

  • Franie-Éléonore Bernier, réalisatrice chez Nova Film
  • Martine Goyette, productrice exécutive chez Rodeo Production
  • Alexi Hobbs, photographe chez Consulat
  • Cath Laporte, artiste, directrice de création, fermière et conférencière
  • Khoa Lê, réalisateur chez Les Enfants
  • Will Niava, réalisateur chez Colossale
  • Jean-David Perron, producteur musique et son chez Supersavant
  • Sarah Picard, flame artist et monteure chez Cinélande
  • Alexandre Richard, réalisateur, monteur et créateur de contenu chez Les Orphelins

Craft/Production

Grenier aux nouvelles : Au cours de la dernière année, avez-vous observé des changements, ou des tendances dans l’industrie, et comment cela a influencé les critères de jugement pour le concours Idéa ?

Eva Van den Bulcke : On ne peut pas ignorer toutes les prouesses de l’IA dans l’univers de la création, particulièrement en craft. On voit des applications de plus en plus bluffantes, ce qui nous amène à nous poser beaucoup de questions sur l’avenir de nos métiers. Mais, en contrepartie, on dirait que la quête du vrai, de ce qui résonne vraiment au niveau humain, est encore plus importante. Lors des délibérations avec les membres du jury craft, il y avait cette volonté de mettre de l’avant ce qui était authentique et avait un parti pris artistique fort, une démarche originale qui mettait de l’avant le talent et l’approche des artisan.es pour donner vie aux idées.

GAN : Quels critères ou quelles qualités différencient, selon vous, un projet finaliste d’un projet gagnant ?

EVDB: : Les critères de base pour évaluer une pièce sont : 50 % pour la créativité et l’originalité et 50 % pour la qualité et l’exécution. Pour certaines pièces, on n’a pas eu besoin de se référer à ce système, car c’était clair qu’elles sortaient du lot, ça sautait aux yeux. Pour d’autres, surtout quand elles étaient du même niveau, c’était important de les évaluer en fonction de ces critères. Car on peut avoir des opinions différentes, et c’est aussi souvent une question de goût ou, parfois, d’inclination pour certains styles ou types de projets. Dans ces cas-là, il fallait avoir une approche un peu plus « scientifique » et les décortiquer de manière méthodique.

GAN : Pouvez-vous nous partager une anecdote amusante (ou pas) lors des délibérations ?

EVDB: Certaines personnes siégeaient pour la toute première fois à un jury de pub. La journée a commencé avec beaucoup de débats et de discussions très engagées. Quand on a réalisé qu’on avait plus de deux heures de retard, je crois que personne ne réalisait qu’on finirait probablement après minuit ! Mais les membres du jury n’ont pas pour autant mis de côté leur esprit critique, et ont débattu leurs points de vue jusqu’au bout, et je leur en suis extrêmement reconnaissante.

GAN : En tant que présidente du jury, comment gérez-vous l’équilibre entre l’objectivité nécessaire et votre propre subjectivité ?

EVDB : En tant que présidente, je n’avais pas le droit de vote, sauf dans des cas très rares pour dénouer des impasses. Je pouvais seulement amener mon jury à se questionner sur certains aspects des pièces, ou encore guider les discussions si elles s’éloignaient de notre mission. Ce n’est pas un rôle évident, je me suis mordu les lèvres à plusieurs reprises, mais j’essayais de m’accrocher aux textes associés aux soumissions pour éclaircir certains débats. Et aussi, Mireille et son équipe étaient là pour me soutenir.

GAN : Last, but not least, car le jury a travaillé très fort, quel aspect (contribution, implication, etc.) des membres du jury vous a le plus rempli de fierté ?

EVDB : Ce qui m’a vraiment rendue fière était de voir réunies toutes ces personnes que j’avais choisies pour des raisons particulières et comment, ensemble, elles élevaient le niveau de jugement, malgré leurs perspectives différentes. J’ai adoré que tout le monde puisse s’exprimer sans crainte et apprendre de cette expérience. Je crois qu’il y avait un désir fort d’envoyer un message à l’industrie, soit que nous avons envie de voir et de créer des choses qui brisent des codes qui ne nous conviennent plus.

Merci Eva, à bientôt!