Interagir habilement avec les médias peut décupler l’impact de votre message. Pour maximiser une couverture médiatique efficace, rien de mieux que de captiver les journalistes souvent submergé·es par des «pitchs» au quotidien. Dans ce flot de contenu, les communiqués de presse traditionnels risquent d’être vite relégués à la corbeille s’ils ne font pas mouche. Quelles sont les bonnes pratiques pour que votre «CP» ait l’effet escompté ?

Une question de contexte
Iris Wei, conseillère en relations publiques chez Canidé, mentionne d’entrée de jeu que le paysage médiatique évolue rapidement, avec une fragmentation des salles de presse et une diversification des sujets couverts par les journalistes. Si, autrefois, on pouvait avoir un·e rédacteur·rice spécialiste d’un seul sujet niche, aujourd’hui il·elle est plus susceptible de couvrir 4 sujets en moyenne — d’après l’étude The State of Journalism 2023 aux États-Unis. Si elles ne sont pas personnalisées, si elles arrivent au mauvais moment ou si elles ne sont pas liées à leurs domaines de couverture, les propositions sont rejetées par les journalistes selon l’étude. «Il faut comprendre ces changements pour adapter vos approches de communication. Prenez en compte le volume de propositions que reçoivent les journalistes chaque semaine et l’étendue de leurs domaines de couverture. En comprenant cette réalité, vous pourrez mieux cibler vos efforts et accroître vos chances d’attirer leur attention», dit Iris. Le président de YPR, Yanik Deschenes, croit que «la stratégie de l’embargo est une valeur sûre dans un monde qui va toujours plus vite». «Les journalistes reçoivent des centaines de courriels par jour. Leur donner le temps de se préparer permet de maximiser les chances de succès dans une campagne de relations médias. Ça leur permet d’avoir le temps de rédiger leur article, de réaliser des entrevues, et de poser toutes les questions pour mener leur histoire à terme », dit-il.

communique 2Iris Wei, conseillère en relations publiques chez Canidé et Yanik Deschenes, président de YPR

La clé d’une bonne histoire
D’après Yanik, les trois éléments essentiels pour qu’une histoire soit intéressante pour un·e journaliste sont le contexte, la tension et la valeur ajoutée à l’audience. «Le contexte, qu’il soit social, politique, économique ou culturel, rend l’histoire d’actualité, un facteur clé pour le·la journaliste. Une histoire bien conçue doit également avoir un élément de tension entre deux ou plusieurs parties, acteurs, positions ou concurrents afin de susciter la curiosité, voire le débat. Enfin, l’histoire doit apporter de la valeur ajoutée à l’audience en étant divertissante, inspirante ou éducative», dit-il. Du côté de Canidé, l’équipe cherche à rester connectée à l’actualité pour pouvoir saisir les occasions de réagir en temps réel dans l’espace public. «L’idée est de créer un «sentiment d’urgence» chez les journalistes, les incitant à aborder le sujet rapidement. On trouve des angles pertinents qui captent l’attention dans l’actualité, on met en avant des statistiques innovantes ou choquantes pour démontrer la nouveauté et la valeur ajoutée de notre message. L’objectif est de susciter des réflexions, des émotions et des discussions auprès du grand public, en répondant aux besoins et attentes de nos clients. En résumé, il est capital d’être concis·e, créatif·ve et réactif·ve pour maximiser notre présence dans les médias.»

Établir une relation de confiance
Autant Yanik qu’Iris sont d’avis qu’apprendre à connaître les journalistes «est la règle d’or», et que la personnalisation aide à établir des relations solides. Après tout, dans «relation de presse» il y a le mot «relation», observe Iris, qui considère les journalistes comme des collègues, des allié·es. «On doit prendre le temps de connaître ses interlocuteur·rices, leurs spécialités et leurs intérêts. On adapte nos pitchs et nos relances en fonction de leurs besoins spécifiques pour créer un lien plus étroit», mentionne-t-elle. Abondant dans le même sens, Yanik ajoute: «Il est de notre responsabilité de déceler leurs champs d’expertise, les sujets qui les intéressent davantage et de connaître leurs préférences de communication. C’est aussi très important de prendre le temps d’aller à leur rencontre. C’est sûrement la manière la plus efficace de construire une relation de confiance».

Des conseils pourla route ?
Pour finir, nos deux aguerri·es des relations publiques ont-il·elles des conseils à prodiguer pour être lu-vu-répondu-publié ? «Personnalisez vos communications. Un copier-coller n’ira nulle part, conseille Yanik. Favorisez la qualité au lieu de la quantité. Allez droit au but. Commencez par la conclusion en lui posant une question. Appuyez votre propos avec des faits. Priorisez l’empirique sur l’anecdotique. Démontrez la valeur de votre histoire pour l’audience, et non pour votre client. Ayez le courage d’être vulnérable. Proposez des porte-parole crédibles et disponibles. Et n’oubliez pas de mettre votre numéro de téléphone!» Iris estime aussi qu’il est important de ne pas tomber dans le piège des envois de masse. «On doit plutôt opter pour des approches personnalisées, en se concentrant sur des interactions concises et captivantes dès le premier contact.» Et parfois, opter pour un communiqué de presse sortant des sentiers battus est la marche à suivre. Lors du lancement de l’application de livre audio Narra, Canidé a eu l’occasion de faire l’envoi d’un pitch enregistré en studio, ce qui a permis de captiver l’attention des journalistes différemment, c’est-à-dire de manière auditive. D’après Iris, les relationnistes doivent accompagner les journalistes en répondant à leurs besoins et en leur fournissant tous les outils nécessaires pour faciliter leur travail. «Avant et après les entrevues, on doit identifier leurs besoins spécifiques, que ce soit pour des citations particulières ou des photos de notre porte-parole. On doit leur fournir une boîte à outils complète et clé en main autant que possible.»

S’il est impossible de garantir une couverture médiatique en relations publiques selon Yanik, on peut maximiser les chances de succès. «C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons créé le Press Test™. Une histoire qui obtient un score de 70 et plus par le Press Test™ va presque assurément intéresser les médias. De cette façon, le client maximise son investissement en relations publiques et ça nous permet de gérer leurs attentes», résume-t-il.

-30-
Le chiffre 30, placé entre deux traits d’union (-30-) au centre de la dernière ligne d’un document, est un des derniers codes télégraphiques encore utilisés aujourd’hui.

Il sert à préciser la limite d’un texte à publier et est parfois suivi d’un autre texte qui n’est pas destiné à la publication (coordonnées de contact média pour fournir plus de précisions sur le communiqué ou des notes techniques).

D’où vient-il ?
Clin d’œil du 19e siècle, -30- remonte à l’âge d’or du télégraphe autour de la guerre civile américaine. Le nombre 30 était utilisé comme abréviation pour «end» ou «no more» tel qu’indiqué dans le «92 Code» de Western Union, un ensemble de directives et d’abréviations visant à réduire la bande passante sur des lignes télégraphiques de plus en plus occupées.

En bref, ça veut dire «fin».
Source : Altitude Marketing, Bang Marketing et Portail linguistique du Canada

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