Dès qu’il a mis les pieds dans des salles de spectacle et de cinéma durant l’enfance, Felipe del Pozo a eu la piqûre du showbusiness. Et depuis 35 ans, il ne s’est jamais désintéressé de l’industrie des relations publiques, un univers bouillonnant, dynamique, à l’image de ce spécialiste des communications qui carbure à l’action, mais aussi aux rencontres significatives.

«Le grand coupable, c’est mon père», dit à la blague Felipe del Pozo, alors qu’il raconte comment, enfant, il s’est rapidement intéressé au monde du spectacle. Le patriarche fait découvrir à son jeune fils le groupe iconique The Beatles, et l’amène voir les films qui les mettent en scène dans différentes salles de cinéma montréalaises. Mais plutôt que de rêver de devenir acteur, chanteur ou musicien, Felipe del Pozo est particulièrement intrigué par l’envers du spectacle et les mystères de ses coulisses. «Oui, on voit l’artiste sur scène, on voit un événement grandiose, mais il y a tout un travail derrière. Ça m’a vraiment allumé, je voulais découvrir comment on arrivait à ce résultat», résume-t-il.

Après des études collégiales en lettres et cinéma, celui qui allait devenir conseiller en relations publiques et relations de presse fait ses premières armes dans l’équipe de la populaire chaîne de télévision MusiquePlus. «J’ai rencontré la première gang de VJ, et aussi l’animatrice Sonia Benezra. On a vraiment cliqué elle et moi. J’ai aussi pris conscience qu’on pouvait percer dans le milieu des RP, en assumant fortement son côté latino, en étant réellement soi-même», explique Felipe del Pozo.

Il faut dire qu’au départ, il trouvait parfois difficile d’être l’un des seuls professionnels du milieu des RP montréalaises à détenir des origines chiliennes. «Et je dirais même, l’un très rares latinos dans le domaine des communications et du show-business ! Maintenant, on parle de la diversité, la société a évolué en ce sens et a pris conscience que c’est important d’avoir des gens de tous les background et de toutes les cultures. Avant, c’était moins le cas. J’ai l’impression que j’ai eu le rôle de précurseur, surtout pour les jeunes Sud-Américain·es.»

felipe@Avril Franco Photographe

Faire sa place coûte que coûte
Avec un baccalauréat en communications de l’UQAM et des études à la Sorbonne Nouvelle Paris 3 en poche, Felipe del Pozo continue son chemin avec confiance et optimiste, malgré un bégaiement et un profil atypique pour l’époque. Il accepte un poste d’assistant aux relations de presse pour une boîte de disques, «la meilleure école» pour le jeune relationniste qui remporte même un prix prestigieux avec son équipe.

Au fil des ans, il collabore aux communications et aux lancements d’albums de nombreux artistes tels que Luc De Larochellière, Daniel Lavoie, François Pérusse, ou encore l’auteur-compositeur- interprète et chanteur français du groupe Indochine, Nicola Sirkis. À 24 ans, il est de nouveau de retour à MusiquePlus, embauché comme attaché de presse, «l’un des plus jeunes au Canada». Il collabore également à cette période au lancement de la chaîne Musimax.

Après avoir travaillé sur des mandats pour le Festival Juste pour rire, TVA, la Formule 1, le Festival des films du monde, Amnistie Internationale ou encore L’Oréal, et accompagné plusieurs vedettes locales et internationales (Pussycat Dolls, Fergie, Tommy Lee, Ève Salvail, George St-Pierre, Nick Suzuki, AJ McLean), Felipe del Pozo décide finalement de se lancer en solo et de fonder sa propre entreprise… pour sa fille. «De 19 ans jusqu’à mes 44 ans, au moment où j’ai eu ma fille, j’ai travaillé un peu partout. À sa naissance, j’ai voulu passer le plus de temps possible avec elle. Je pense que j’avais fait le tour aussi des grands événements jet set, et du boulot 7 jours sur 7. C’est génial d’avoir côtoyé tous ces gens et d’avoir participé à tous ces rassemblements, mais à un moment, il faut ralentir le rythme et penser à soi.»

La distinction Felipe RP
Dirigeant seul son agence Felipe RP, accompagné de pigistes-collaborateur·ices, Felipe del Pozo a cette qualité indispensable que détient tout bon relationniste de presse: il aime particulièrement les gens, mais surtout développer un contact privilégié avec eux. «Et ils me le rendent bien, précise-t-il. Ils ont toujours voulu en savoir plus sur moi, sur mon expérience ici, sur mon pays d’origine.»

Dans toutes les étapes de son parcours professionnel, le conseiller s’est toujours assuré de s’adapter aux nouveaux médiums et technologies, mais surtout de rester humain, authentique, et aussi, à l’écoute. Est-ce que c’est ce qui fait qu’on reconnaît — outre ce sympathique côté «rockeur au grand cœur» —, la signature unique «Felipe RP» ? «Dans mon métier, c’est important de savoir bien écrire, d’obtenir des résultats, de développer des stratégies fortes. Mais collaborer ensemble, se déplacer pour voir les gens, leur donner une bonne poignée de main, leur sourire, c’est tout aussi primordial pour moi. Et je pense qu’on me connaît pour ce côté chaleureux, attentif», explique Felipe del Pozo.

Grâce à sa détermination et à sa passion pour son métier, le spécialiste des RP a eu l’opportunité de croiser de grandes stars tout au long de sa carrière, mais aussi des créateurs anonymes, qui sont tous et toutes «des êtres humains comme nous», conclut-il.

«En fait, ma carrière, au fil des ans, se résume à la confiance que ces personnes ont eu à mon égard et ça, c’est sûrement le plus beau cadeau du métier de RP. En soulignant mes 35 ans de carrière, je ne peux oublier mes racines chiliennes, et tous les efforts déployés par mes parents dès notre arrivée ici, en 1974. Ils m’ont inculqué des valeurs familiales, de solidarité et d’entraide.»

Felipe del Pozo ajoute qu’il a encore de belles années de travail devant lui, et n’est pas encore prêt à tirer le rideau. «Présentement, je développe de plus en plus avec les influenceurs, les créateurs de contenu, je travaille avec les balados, je m’ajuste aux nouvelles tendances et réalités du milieu. En résumé, l’énergie est toujours là!»

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