Réunir des politiciens, des activistes et des PDG autour d’une table pour une discussion productive, est-ce possible ? Pour Leïla Copti, présidente fondatrice de la boîte de relations publiques d’impact COPTICOM, non seulement ça l’est, mais c’est impératif. Après maintenant douze ans de travail engagé, la boîte se dote d’un des moyens de ses ambitions avec la nomination de Hugo Séguin à titre de directeur général. Bien qu’il soit présent depuis les tous début de COPTICOM en 2011, son nouveau rôle lui permet de venir appuyer Leïla d’un point de vue opérationnel, pour aider à mettre en œuvre la vision stratégique de la fondatrice. On fait le point avec eux, sur les relations publiques en temps d’urgence climatique.
Le festival de la nuance
La mission de COPTICOM met les relations publiques au cœur des enjeux modernes de la protection de l’environnement et de la biodiversité, et aussi dans la réduction des inégalités sociales et se spécialise en affaires publiques. Que ce soit en aidant différents paliers de gouvernement à mettre sur pied des groupes de consultation, ou en créant des alliances entre différentes institutions pour faire avancer les dossiers qui les animent, la firme met la main à la pâte, avec une équipe qui compte aujourd’hui une vingtaine de professionnels. Il ne s’agit pas simplement de faciliter le dialogue, mais parfois même d’aller au-delà de celui-ci, comme avec la création du G15+ à l’aube de la pandémie, une initiative de Leïla elle-même.
Leïla et Hugo identifient rapidement les défis auxquels COPTICOM, et la société en général, font face en 2023: une foule d’enjeux qui s’entrecroisent, une polarisation des opinions avec une vision en noir et blanc, et beaucoup de désinformation. Leïla raconte avoir eu une discussion récemment avec un ami, durant laquelle ils disaient, à la blague, qu’ils devraient organiser un festival de la nuance: «Est-ce qu’on peut se créer un espace où on peut poser les questions qui en font sauter plusieurs, mais quand même pouvoir les poser et entendre les réponses de chacun ?» L’intersectionnalité des crises met en effet les institutions, autant privées que publiques, devant un besoin de communication ouverte et nuancée assez important. Que ce soit dans les médias, en ligne ou dans nos interactions de tous les jours, elle déplore la rigidité et l’impatience qui semblent caractériser les discussions d’enjeux de fonds de nos jours. «La personne en face de nous, d’emblée, n’est pas contre nous. Elle a des priorités, des enjeux, des livrables, et il faut prendre le temps de se comprendre. Les relations publiques, ça devrait servir à mieux se comprendre.»
Hugo Séguin (Photo: Aline Dubois, Écosociété) et Leïla Copti (Photo: Myriam Baril-Tessier)
L’optimisme à travers l’action
Leïla n’est pas étrangère avec le concept de couteau suisse : grâce à son parcours atypique, de musicienne à professionnelle des relations publiques, avec des études en psychologie et une implication dans les groupes environnementaux, elle a tous les outils en main pour rassembler les importants acteurs autour de la cause de la transition énergétique, entre autres. C’est aussi le cas de Hugo, qui marie un passé de fonctionnaire, avec de l’expérience en politique et en finances, avec un doctorat en études environnementales. Être à la tête d’une organisation d’impact comme COPTICOM, ça demande du cœur au ventre et un degré d’optimisme élevé: pas de place pour le cynisme lorsqu’on cherche à réunir des gens de toutes les sphères. Pour Leïla, c’est à travers l’action qu’elle garde son optimisme en vie, et d’être témoin des discussions difficiles qu’elle facilite grâce à son travail lui permet de faire le plein d’espoir. Elle est bien entourée, avec une équipe motivée, ce qui lui donne beaucoup d’énergie. «L’équipe de COPTICOM est exceptionnelle: elle a le couteau entre les dents et elle veut que ça avance.»
COPTICOM occupe une position privilégiée, et méritée, au centre des écosystèmes publics et privés lorsque vient le temps de mener des discussions de fond en termes de transition énergétique, de biodiversité, et plus encore. Comme Hugo le dit si bien, c’est parce que ces parties prenantes acceptent leur présence et leur expertise qu’ils sont en mesure de jouer ce rôle-là : la boîte agit comme la colle qui réunit chaque acteur. Pour lui, le mandat de protéger l’île d’Anticosti est un bel exemple de cette qualité de rassembleur qui caractérise COPTICOM: «L’enjeu était d’empêcher l’exploration pétrolière et gazière sur l’île d’Anticosti, et on l’a fait d’une belle façon, en rassemblant les gens autour d’une autre vision, qui était de proposer l’île au titre de Patrimoine mondial de l’UNESCO, et on a réussi. Ça traduit une façon de travailler, une expertise, une sophistication par rapport à jouer avec les différents niveaux, autant au local qu’à l’international. Ça montre la confiance qu’on est capable de monter autour de nous, y compris avec le gouvernement, qui, au départ, avait des objectifs complètement différents.»
Et qu’est-ce que l’avenir réserve à COPTICOM ? En tant que directeur général, Hugo souhaite mettre de l’avant deux projets de recherche et développement. Il admet que de parler de R&D en relations publiques peut sembler particulier: «Il y a une conjoncture de crises, et je ne vois pas comment elles pourraient se résorber à court terme, donc doivent apparaître de nouvelles façons de faire, de nouvelles solutions, de nouveaux défis.» Les programmes qu’il souhaite lancer exploreraient ces deux questions: comment peut-on renforcer le vivre-ensemble, qui est au cœur de leur vision pour les prochaines années, et comment peut-on faire vivre le concept des limites écosystémiques et de la décroissance ? Si le passé est garant de l’avenir, l’impact de COPTICOM ne fait que commencer.
Photos : copticom.ca