Deux ruptures professionnelles, une publication sur LinkedIn, un café et un apéro plus tard, Franchir en était à ses balbutiements. Rencontre avec les cofondatrices.
Tout n’est pas qu’obstacle
Agence fondée post-pandémie, Franchir n’a pas eu à se transformer — elle n’a eu qu’à se bâtir. Alliant l’expertise d’Anne-Marie Caron (ex-Canidé) et de Mireille Azema (ex-Celsius Communications), la jeune entreprise excelle dans les relations publiques, les relations de presse et l’activation de marque sur le terrain. Ayant pour devise «parce que les gens oublieront peut-être ce que vous leur dites, mais ils n’oublieront jamais comment vous les avez fait se sentir», Franchir a la ferme croyance que faire vivre des émotions à travers des histoires est la clé de la connexion. «On a un peu escamoté la connexion humaine qu’on était en mesure d’avoir avec les communautés, développe Anne-Marie, faisant allusion à la pandémie. On essaie de la ramener grâce à une perspective de storytelling et d’émotions. On veut que les gens aient l’opportunité de connecter entre eux, de mémoriser davantage les informations qui leur sont communiquées parce que c’est lié à une expérience.» Et pourquoi s’être arrêté sur Franchir — comme franchir des obstacles ? Non, nuancent les deux entrepreneuses. «Pour nous, Franchir est un verbe d’action. Souvent, le mot est associé à un obstacle. Mais il y a moyen de changer cette trame pour que la perception soit plus positive. Ce qui apparaît être un frein sera plutôt une opportunité. Une montagne, par exemple, n’est pas un obstacle. C’est un point surélevé pour voir plus loin. Une rivière, c’est un chemin tracé d’avance pour aller plus vite.» Ce que Franchir souhaite, c’est aligner des expertises, et des perspectives, qui sont à la fois nouvelles et rafraîchissantes.
Opportunité à la croisée des chemins
Revenons quelques lunes derrière. L’histoire est celle de deux inconnues, qui, au même moment, chacune de leur côté, vendaient leurs parts de leurs anciennes boîtes respectives. «C’est comme se séparer en couple. Tu laisses derrière toi tout un pan de ton histoire professionnel. Ce n’est pas une décision facile, et dans le milieu des affaires, les ruptures sont très peu partagées. Je trouve qu’Anne-Marie avait du gut de le dire, car moi, je ne m’étais pas étendue sur cette question sur les réseaux sociaux et ça m’a interpellé.» C’est ainsi qu’Anne-Marie a accepté l’invitation de Mireille d’aller prendre un café. Coup de foudre professionnel. Toutes deux se sont trouvées, à la croisée des chemins, alors qu’elles étaient en réflexion sur leur avenir, sur ce qu’elles avaient envie de bâtir, et sur le legs qu’elles voulaient laisser. En voilà une histoire d’occasion, vue sous une nouvelle perspective. Plutôt que de se lancer, chacune de leur côté, à des desseins de consultantes, elles ont uni leurs forces pour créer une agence qui fera vivre des émotions aux gens, à travers l’expérientiel et les relations publiques, dont l’une des valeurs phares est la confiance. Une confiance qui circule dans tous les sens. Employé·e envers le·la patron·ne, patron·ne envers l’employé·e et le client, client envers l’agence. «La confiance, pour nous, c’est central.»
En opération depuis peu, Franchir cumule déjà de jolis projets. Le restaurant India Rosa, qui ouvrait récemment un nouvel établissement dans Griffintown, a fait appel à la boîte. Lors de la soirée d’ouverture, plus d’une trentaine de médias étaient conviés, et les retombées ne sont pas à plaindre. «C’est un bel exemple de mariage de relations publiques et d’événementiel, détaille Anne-Marie. La programmation et le dévoilement sont pensés dans une perspective de connexion et de souvenirs.» «L’idée n’était pas de faire goûter des bouchées et boire un drink, ajoute Mireille. C’est une expérience complète qui donne envie aux gens de partager sur les médias sociaux. C’est ça qui crée de la notoriété pour la marque et l’émotion. Et surtout de l’engagement !» Le duo explique qu’il veut miser sur cette notion d’hyperpersonnalisation, pour vraiment s’insérer dans les communautés. «Plus on va comprendre les cordes sensibles qui les font vibrer, plus on sera pertinents.» Et ce ne sont pas les projets pertinents qui manquent. L’agence planche actuellement sur un gros mandat pour le Défi 28 jours sans alcool avec la Fondation Jean Lapointe, a travaillé avec Nutrinor Coopérative en partenariat avec Pigeon, a collaboré avec l’agence Rethink sur le compte de Bumper to Bumper, qui verra le jour bientôt, et enfin, l’installation artistique Le champ des verglas, qui célèbre les 25 ans de la crise, sera présentée dans les Shop Angus.
Laisser son empreinte
Conscientes que l’on vit sur une planète aux ressources épuisées, les cofondatrices de l’agence écoresponsable tentent, à leur manière, d’influencer positivement la perspective des clients. Mireille et Anne-Marie se tiennent à l’affût des meilleures pratiques pour pouvoir faire la différence à travers des recommandations qui auront un impact sur le long terme. Ce n’est pas tout. Elles ont dans la mire la certification B-Corp, et remettent 1 % de leurs profits pour des causes qui leur sont chères, comme la préservation de la planète. « On sait que l’événementiel, c’est un secteur où on prend, on produit, on consomme et on jette, confie Mireille. Comment nous, peut-on conscientiser nos clients à être dans une démarche proactive ? Comment peut-on avoir un modèle d’affaires viable sans aller dans la surconsommation ? Avec des petits gestes au quotidien et ouvrir la discussion, c’est déjà beaucoup. » Comme d’autres agences qui ont opté pour « travailler moins et mieux », Franchir travaille 32 heures par semaine. Parce que l’objectif n’est pas de faire des profits à tout prix, et aussi, avec la pause mondiale de deux ans, qui a amené son lot de réflexion sur la vie professionnelle, Anne-Marie et Mireille savent ce qu’elles sont prêtes à accepter, et ce qu’elles ne sont plus prêtes à accepter.
Ayant germé sur une terrasse en plein été, Franchir a officiellement vu le jour en octobre 2022. Déjà, les choses vont franchement bien. Deux stagiaires se sont jointes au duo — qui espère les garder à plein temps par la suite —, des projets d’envergure se concrétisent, et Franchir aura un nouveau bureau. « La réalité, lorsque tu pars une nouvelle boîte, tu as toujours le défi de te faire connaître, et de bâtir ta notoriété. Ce qu’on s’est rendu compte, Mireille et moi, c’est que notre expérience passée a démontré notre capacité à livrer des mandats. Les clients sont venus vers nous. Ça a été du bouche à oreille. Nous en sommes très reconnaissantes. Quand on passe quelque part, les gens se souviennent de nous. Parce que les résultats sont là, parce que leur expérience a été positive, bref, on est dans une industrie de relations interpersonnelles. Alors quand tu rencontres des humains, et qu’ils te ressemblent, tu as envie de travailler avec eux. C’est la base de nos relations », explique Anne-Marie.
Il n’y a pas à dire, Franchir marque les esprits.