Si la culture de l’Internet pouvait se distiller dans un format précis, il s’agirait des mèmes. Ce contenu humoristique, que ce soit sous forme d’images ou de vidéos, tend à devenir viral en étant décliné à toutes les sauces pour ensuite être repartagé et pulluler sur les réseaux sociaux. Grâce à sa passion pour les mèmes, Vincent Houde développe une surprenante expertise dans le format, ce qui le mène jusqu’à un poste de concepteur-rédacteur chez LG2: on explore son parcours atypique.

@memes.fruiter
C’est à 12 ans que Vincent découvre les mèmes, sur des sites web comme 9gag, une plateforme agrégatrice populaire de mèmes créée par les utilisateurs. L’envie de se lancer lui-même dans la création de mèmes ne se fait pas sentir avant quelques années plus tard, au fil de l’évolution du format: «Au début, c’était des mèmes très, disons, du premier degré, et moi, en me développant dans la vie, je me rendais compte que je devenais très sarcastique dans ma tonalité, dans ma façon de faire des blagues. En 2016, il y a eu un regain des mèmes et c’est venu avec un certain deuxième degré, et je me suis reconnu là-dedans et que j’ai commencé à en faire.» Bien qu’il publie ses mèmes d’abord sur sa page Facebook privée, Vincent décide d’ouvrir un compte public, sur Facebook et Instagram, dédié à son contenu: ainsi naît la page de mèmes Fruiter. La page connaît un succès retentissant, et Vincent admet ne jamais avoir arrêté de produire des mèmes depuis.

Le jeune concepteur-rédacteur y trouve toujours le même plaisir, six ans plus tard. Il adore pouvoir faire travailler sa créativité avec le moins de contraintes possible, sans subir la pression de la performance: «C’est vraiment juste pour le plaisir. C’est ça que j’aime des mèmes, c’est de pouvoir faire des blagues et de ne pas être l’acteur de ta blague. D’être capable de la mettre sur le web et de voir s’il y a une réception, c’est vraiment ça le charme. N’importe qui peut en faire, c’est tout simple et si tu te plantes c’est correct, ce n’est pas grave parce que c’est juste l’internet. Tu as droit à l’erreur, et il y n’a pas de stress là-dessus. C’est pour ça que j’ai senti que c’était mon médium, parce qu’avant les mèmes, la création de contenu c’était plus de devenir YouTubeur et ça ne m’intéressait pas.»

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Des mèmes à LG2
Lorsque Fruiter commence à collaborer avec des marques, Vincent réalise le potentiel faire de son passe-temps un vrai emploi : il peut mettre sa créativité à profit et travailler dans le monde de la publicité, une opportunité qui lui était auparavant inconnue. «Tu peux être une personne créative sans nécessairement être peintre ou pianiste. Je ne pensais pas pouvoir une job créative comme ça, et quand j’ai réalisé que je pouvais avoir des idées et que ça pouvait être ça, ma job, ma voix, je suis allé en communications.»

C’est sa présence sur les réseaux sociaux, autant en tant que lui-même qu’avec la page Fruiter, que Vincent a obtenu un stage qui a mené à son emploi avec LG2, avant même d’avoir fini son BAC, en commentant une publication du compte Instagram de mèmes On se parle à nous-mèmes. «J’avais vu tous mes collègues de classe interagir avec cette page-là pour avoir leur attention, et j’avais simplement commenté “moi qui like et commente toutes vos publications juste pour avoir votre attention dans l’éventualité d’une demande de stage.” C’était une niaiserie, et je n’étais pas prêt à aller travailler, je voulais finir mon diplôme. LG2 m’a écrit quelques mois après à cause de ça: l’équipe avait vu mon profil et savait que je faisais des mèmes, et m’a demandé si j’étais intéressé. C’est comme ça que j’ai eu un stage, et j’ai fini mon BAC en parallèle. Dans mes premiers projets de stage, il y avait cette page-là, de créer des mèmes qui concernent l’univers de la pub en général. C’était l’fun d’arriver et d’être capable de me démarquer tout de suite avec cette expertise-là.»

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Double vie professionnelle
Que ce soit pour sa page de mèmes ou dans le cadre de son travail en tant que concepteur-rédacteur, Vincent admet que son processus de création reste similaire: il est inspiré par les gens et les choses qui l’entourent. Ses deux rôles de création parallèles s’influencent, et il se permet de pousser ses idées plus loin: «Ça peut arriver autant que j’aie une idée au travail que j’ai envie de pousser sur ma page, que j’aie une idée pour ma page qui m’inspire à la reprendre au travail. Par exemple, je fais du contenu parfois pour Maxi, et sur Instagram, sa stratégie est de dire que Maxi est un influenceur de bouffe. Quand je suis embarqué sur le projet, la première chose que j’ai mentionnée, c’est qu’il fallait faire quelque chose en rapport avec la burrata parce que c’est l’aliment des influenceurs par excellence. Ça concordait bien, parce que je faisais déjà plein de blagues là-dessus sur ma page. Vu que je l’avais déjà testé, je savais que ça avait du potentiel.»

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Vincent ajoute une autre corde à son arc grâce son travail avec son emploi chez LG2: il devient également influenceur de marque. C’est ainsi que Destination Québec Cité l’engage en tant qu’influenceur et créateur de contenu, après que son équipe chez LG2 ait de la difficulté à trouver des influenceurs venant de Québec pour collaborer avec la marque. Vincent était réticent de prime abord, et n’était pas sûr de vouloir mettre son propre visage de l’avant: «On m’a convaincu en me disant qu’ils me laisseraient toute la liberté créative. C’était vraiment ça l’angle qui a fait que j’ai accepté : on me laissait vraiment dire ce que je voulais et imposer ma créativité sans mettre trop de limites. C’était vraiment amusant à faire, mais j’étais quand même hyper stressé quand je suis venu à le publier, de me faire critiquer ou me faire dire que c’est malaisant. Finalement, ça a été super bien reçu parce que justement, il n’y a presque rien qui changeait dans la tonalité : je faisais le même genre de blague que je faisais d’habitude, et les gens étaient contents de voir une collaboration avec une marque qui laisse le créateur créer comme il veut.»

À travers toutes les facettes de sa vie professionnelle, Vincent maintient que chaque idée vaut la peine d’être explorée, et il y tient en particulier avec Fruiter. Même si l’engouement derrière certains mèmes le surprennent, il rappelle que la création de contenu, ce n’est pas simplement d’avoir de bonnes idées, mais d’avoir des idées tout court.: «Lorsque tu es le créateur, tu sais ce qui s’en vient parce que tu l’as fait, mais pour le public, c’est encore du contenu frais. Je poste tout ce que je fais, même si c’est pourri. Personne ne paie pour la page de Fruiter, pas comme des abonnés au câble. Même s’ils ne trouvent pas ça bon, quel est le problème ? Mes idées, je les ai en vivant, en ayant une vie sociale, lorsque je remarque quelque chose. Même si je sais que ce ne sera pas un succès, je me dis que ça va quand même parler à une autre personne au moins. Plus j’ai d’idées, mieux c’est.»

trois raisons
vincentVincent Houde ©LG2