Le design graphique est en constante mouvance, comme plusieurs autres disciplines. Chaque nouvelle année nous introduit à de nouvelles technologies et pratiques dans tous les domaines. En design graphique, les tendances sont plus évolutives que passagères. Elles représentent souvent les limites repoussées par les designers. On remarque que c’est souvent en regardant le présent et le passé qu’il est possible de prévoir l’avenir.
Que nous réserve 2022 en matière de design graphique? Pour répondre à cette question, le Grenier est allé à la rencontre de Mario Mercier et Julie Royer, les nouveaux coprésidents de la Société des designers graphiques du Québec, et de Marie-Andrée Pelletier-Cyr et Marilyn Marois, directrice artistique et chargée de projet de l’agence Leonardo. Ils avaient tous les quatre des points de vue complémentaires et pertinents.
«Suivre les tendances est autant un piège que de faire fi de celles-ci», dit Mario Mercier alors que Marie-Andrée Pelletier-Cyr explique: «L’important est d’être au-delà des tendances.» Lorsque sonne une nouvelle année, on ne fait pas table rase pour recommencer à zéro. En design graphique, il faut prioriser la pérennité et miser sur le fond plutôt que sur la forme. Voici donc des thèmes ou des pratiques qu’on continuera à voir en 2022.
La nostalgie
Les années 70 se voient offrir une deuxième vie. «C’est le retour des années 70 à peu près dans tout, autant en publicité qu’en design graphique. C’est très amusant. La nostalgie est quelque chose qui fonctionne bien depuis toujours», explique Mario Mercier.
La simplicité
On dit souvent que trop c’est comme pas assez. Au lieu d’ajouter, on réduit pour revenir à l’essentiel. «La simplicité est très en vogue chez les étudiants, les vingtenaires et les jeunes trentenaires. Ils ont un appétit pour les choses simples et intelligentes», dit Mario Mercier.
La dimension sociale du design graphique
Les designers graphiques sont des raconteurs d’histoires. À travers leurs projets, ils participent à changer les perceptions et à façonner notre monde. «Avec la pandémie, plusieurs artistes ont pris la parole avec notre médium pour faire passer des messages et aider des causes», explique Julie Royer. «L’importance de l’impact social positif grandit et on peut participer à faire du bien avec le design graphique. En allant plus loin que l’image, on ajoute un cœur au projet», dit Marilyn Marois.
Encourager la collaboration
Le proverbe africain «Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin» explique simplement le principe d’intelligence collective. La collaboration est primordiale en design graphique. «Pour faire un bon projet, il faut une bonne agence, un bon client et entre les deux une bonne communication», partage Mario Mercier. «Les membres d’une équipe sont tous importants à parts égales», dit Marie-Andrée Pelletier-Cyr. La hiérarchie horizontale prend de plus en plus de place. Dans les agences, des jeunes dans la vingtaine travaillent avec des gens dans la quarantaine. C’est un bel alliage d’expérience et de nouveauté. «On assiste aussi à un décloisonnement dans le domaine de la communication marketing surtout avec le design 360. Tout le monde travaille ensemble au cœur de la marque», explique Julie Royer.
Accompagner le client
Il ne faut pas oublier l’aspect humain. Les designers graphiques tirent beaucoup de positif à travailler autour des besoins du client au lieu de juste se concentrer sur le matériel ou ce à quoi le projet va ressembler au niveau des tendances actuelles. «Le design, c’est l’essence de notre expertise. Mais au cœur de tout ça, il y a le client qu’on se doit d’écouter et d’accompagner. Durant un projet, la première discussion peut s’avérer aux antipodes des échanges finaux. Il faut garder une ouverture pour cheminer avec le client et ses besoins qui se précisent au fil des présentations. Chez Leonardo, on se fait un point d’honneur d’avoir un processus évolutif et transparent», confie Marie-Andrée Pelletier-Cyr.
Cultiver la curiosité
L’inspiration se trouve partout, surtout à l’extérieur du domaine du design graphique. En tant que designer, des objets du quotidien comme une belle bouteille de vin, un album de musique, un film ou même la nature peuvent devenir des sources d’inspiration. «On est influencé par la vie qui nous entoure. La diversité, le féminisme et la santé mentale sont quelques-uns des sujets qui ont particulièrement brillé en 2021. Ça se ressent et se voit dans les divers domaines culturels. C’est un contexte inspirant pour explorer de nouvelles avenues et prioriser nos valeurs», partage Marilyn Marois.
L’année 2022 promet d’être teintée par la bienveillance et l’expérimentation.
Gardons les yeux ouverts !