Depuis presque 10 ans, Google améliore l’efficacité de son moteur de recherche avec l’implantation des featured snippet : ces encadrés de haut de page qui répondent directement aux questions de l’utilisateur. Une pratique (ainsi qu’un terrain de jeu pour les farceurs) qui fait saliver les programmeurs SEO. Discussion sur le sujet en compagnie de Benoit Domingue

Benoit Domingue

Google, à quelle température le bœuf est-il médium saignant ? Google, comment fait-on son propre désinfectant ? Quels oiseaux aperçoit-on en Haute-Mauricie ? À quand le prochain concert de Céline au Québec ? Toutes des questions auxquelles le très sollicité moteur de recherches Google aura un jour répondu grâce au décryptage de mots-clés et autres questions formulées furtivement. Un moteur qui se développe et s’affine au gré de ses milliards de recherches quotidiennes ; un moteur, même, qui, depuis quelques années, nous évite désormais de fastidieuses recherches en affichant en haut de page des réponses déjà toutes formulées à nos questions les plus nichées. « Ce sont les désormais célèbres (et communément appelés) featured snippet, affirme d’entrée de jeu Benoit Domingue, président de Ursa Marketing. Ce sont, en d’autres mots, ces petits encadrés porteurs d’une information qui s’affichent au tout début de vos recherches sur Google. Et, en langage de SEO, ils représentent en quelque sorte le but ultime, voire le Saint Graal ! de tout programmeur. »

Snippet

Procédé démocratique
C’est-à-dire ? « La raison sociale de tout featured snippet est de rendre l’expérience utilisateur plus efficace sur Google, poursuit Benoit Domingue. Ils sont d’abord plus accessibles et plus visibles que les liens de référencement organiques, car l’information qu’ils contiennent est jugée plus pertinente que l’ensemble des autres contenus sur le web. Ils augmentent donc de façon significative le trafic sur le site web dont ils portent le lien. Quand tu réussis à faire en sorte qu’une information se trouvant sur ton site apparaisse en featured snippet, c’est que tu as réussi à démontrer (ou faire croire, c’est selon) à Google que tes informations sont non seulement pertinentes, mais qu’elles répondent précisément à une question posée. Sur l’une de tes pages, tu pourrais parler d’un sujet aussi niché que l’apiculture en zone nordique, par exemple : si tu possèdes une information pertinente dans ta foire aux questions, un lien vers ton site pourrait apparaître en featured snippet suite aux recherches d’un utilisateur. Lorsque tu tombes dans des sphères plus achalandées, si je puis dire, comme le monde des recettes sur internet, tu as intérêt à raffiner autant que possible tes métadonnées pour permettre au contenu de se démarquer. C’est très démocratique comme pratique : ça permet aux petits joueurs de concurrencer les plus gros. Le nerf de la guerre est d’offrir les meilleures métadonnées qui soit. » 

Imparfait Google
Et quelles sont les plus importantes ? « Les deux plus vieilles métadonnées que nous utilisons sont encore le titre ainsi que la description d’une page, confirme Benoit Domingue. Ces informations se trouvent dans le code source de la page. Cela dit, il est important de se rappeler que l’entité Google n’est pas un humain qui analyse émotivement la performance de tes contenus : ce sont des robots qui ont leur propre langage et qui déterminent froidement, selon un algorithme en évolution, ce qui est pertinent ou non. C’est pourquoi un code source doit impérativement communiquer des informations s’adressant à la fois aux humains… et aux robots. Le grand drame avec cette pratique (ou la grande beauté, diront certains !) est que Google, quoi qu’on en dise, est imparfait. Il peut se tromper. Certains codeurs au sens de l’humour tordu réussiront toujours à tromper l’algorithme. Rappelez-vous lorsque Google affichait dans ses images l’image d’un ancien Premier ministre québécois lorsque nous tapions les mots mouton frisé… Déjouer Google est le jeu préféré (voire le but) d’une horde de programmeurs qui testent à fond les limites de l’algorithme. »

Étoffer ses recherches 
Une pratique à laquelle Benoit Domingue et son équipe chez Ursa Marketing n’ont heureusement pas le temps de s’adonner… « On est trop occupé à trouver des solutions pour nos clients, s’amuse-t-il. Mais c’est toujours bon de peser les pour et les contre d’outils comme les featured snippet. Pour l’utilisateur, trouver une recette en un claquement de doigts est formidable, et il en va de même aujourd’hui pour des informations factuelles, des aubaines spontanées ou encore des offres d’emplois — clin d’œil au Grenier, ici, qui se démarque particulièrement en la matière. Cela dit, les featured snippet ont aussi l’inconvénient d’offrir à l’utilisateur une réponse unique, qui pourrait potentiellement manquer de nuance. Qui pourrait même s’avérer erronée. Dans une perspective où les assistants vocaux (dont les réponses carburant souvent aux featured snippet) prennent de plus en plus d’importance dans nos vies et que l’on s’en remet plus que jamais à eux pour guider certains choix, il sera toujours important de faire des recherches approfondies, de faire du fact checking, de ne jamais s’en remettre exclusivement aux recommandations de Google. C’est un réflexe que nous ne devons jamais abandonner. Le contraire serait malheureux. »