Un atelier nouveau genre spécialisé en mise en marché de marques, de produits, de services, de causes et d’idées fait la promotion d’une démarche créative axée sur l’efficacité. Portrait de l’entreprise Couleur locale (et discussion sur l’art fascinant de la mise en scène marketing) en compagnie de Dominique Trudeau.
« Nous permettons au client de bien comprendre la recette que nous leur avons concoctée pour qu’il puisse agir ensuite en toute autonomie. Ils reviennent ensuite parce qu’ils apprécient cette façon de faire et qu’ils veulent pousser l’expérience encore plus loin dans l’atteinte de nouveaux objectifs », indique Dominique Trudeau.
L’homme au bout du fil est un raconteur. Un vrai. Et l’histoire qu’il relate démontre qu’il peut être possible d’apposer côte à côte les termes « succès » et « décroissance » dans le même récit. Après avoir cumulé d’importants postes de création au sein d’agences montréalaises pendant plus d’une quinzaine d’années, Dominique Trudeau décide en 2013 de partir sur de nouvelles bases en créant sa propre agence : Couleur locale. Un choix motivé par le souhait de retrouver une certaine agilité dans le milieu de l’entrepreneuriat publicitaire. « Une partie de moi sentait que j’étais mûr pour partir ma propre business, confie-t-il d’entrée de jeu. Mais j’avais surtout envie de m’éloigner des grandes structures d’agences pour retrouver quelque chose de plus petit, qui me permettrait d’être plus près des clients. Couleur locale était pour moi un projet de cœur que je démarrais en réaction à ce qui se fait de trop gros et d’impersonnel dans notre milieu. Depuis six ans déjà, je sens que je suis exactement à ma place dans cette structure. »
L'atelier
Une structure qu’il va jusqu’à poétiquement qualifier d’atelier de mise en marché. « C’est le meilleur terme que nous pouvions trouver pour décrire l’entreprise, affirme-t-il, amusé. Chez Couleur locale, nous sommes un noyau ferme de deux individus, Mireille Paradis et moi, qui partons systématiquement à la recherche des meilleures ressources humaines sur le marché chaque fois que nous avons un mandat à remplir. En gros, nous employons contractuellement les bonnes personnes pour les bons mandats. C’est fou à quel point cela nous permet de mieux servir chacune des causes pour lesquelles nous travaillons. C’est aussi une façon pour moi d’éliminer les niveaux de séparation entre le client et la main-d’œuvre. Dans mon entreprise, j’ai le bonheur de mettre les deux mains à la pâte dans chacun de nos mandats. Ce qui était plutôt rare pendant les années où j’ai œuvré comme directeur de la création pour de grandes agences. Malgré tout le plaisir que j’ai eu à faire ce métier extraordinaire, force est d’admettre que j’ai sûrement passé la moitié de mon temps en réunion, à jouer au pompier pour éteindre des feux ou encore à essayer de remporter des prix à l’étranger. Je n’étais pas aussi près de mes clients que je le suis aujourd’hui. »

Mireille Paradis et Dominique Trudeau
En quête de performance
Les prix, Dominique Trudeau les a pourtant longtemps pourchassés. « C’est bien souvent le pain et le beurre de beaucoup de grandes agences, ajoute-t-il. J’ai moi-même adoré remporter des prix. Les internationaux surtout ! Mais les prix, aussi prestigieux soient-ils, n’ont jamais permis à un client d’atteindre ses objectifs de performance. Aujourd’hui, j’ai évacué la course aux récompenses pour me concentrer sur la performance de mes clients. Je mets tout en place pour qu’ils atteignent leurs objectifs. Et c’est un plaisir contagieux. Avec l’ensemble des outils de communication et de création que la technologie met à notre disposition de nos jours, tout devient possible. On travaille en toute proximité avec le client : nous lui créons des solutions sur mesure, certes, mais nous lui permettons aussi de bien comprendre la recette que nous avons concoctée pour qu’il puisse agir ensuite en toute autonomie. Et les clients reviennent parce qu’ils apprécient cette façon de faire et qu’ils veulent pousser l’expérience encore plus loin dans l’atteinte de nouveaux objectifs. »
Le cas Félix & Norton
Un travail aussi artisanal que stratégique selon lui. « J’aime me comparer à un metteur en scène, s’amuse Dominique Trudeau. Un metteur en scène qui met des marques en spectacle en choisissant les bons acteurs et les bonnes histoires à raconter, et ce, pour satisfaire les attentes du client. C’est exactement ce que j’ai eu l’impression de faire avec l’un de nos premiers clients (voire le tout premier !) : Félix & Norton. Cette marque (que je qualifierais de love brand québécois) traversait un creux de vague au tournant du millénaire après avoir connu plusieurs années fastes pendant les années 90. Le client tenait sa marque à bout de bras après être reparti à (presque) zéro. En l’aidant à revoir son packaging, en simplifiant sa marque, en revoyant sa stratégie numérique sur les réseaux sociaux ainsi qu’en ayant l’audace de l’extraire du contrat d’exclusivité qui le liait confortablement à une épicerie grande surface, nous avons réussi à ramener la marque parmi les préférées des Québécois en plus de faire vendre son produit à travers tout Canada ! C’est un accomplissement qui ne s’est pas fait par magie, mais vous dire tout le plaisir que nous avons eu à relever ce défi… Pour moi, c’est ça, Couleur locale. C’est la fierté de l’accomplissement, c’est le plaisir de créer quelque chose de solide et de durable avec des partenaires que nous considérons comme des amis. C’est le luxe de se sentir proche du monde. »

