Penser, c’est rêver de façon cartésienne. Existe-t-il un plus grand rêve que celui de créer sa propre marque?

Plusieurs agences ont fait le saut, et cela, autant dans le rhum (CP+B - Papa’s Pilar), la bière (Rethink - Rethink Beer), le whisky (Mother - White Pike) et le beurre d’arachide (Omelet - Betsy’s Best)! Dans le pire des cas, ça peut toujours faire un beau video de case study. Qui sait, grâce à la magie transmutationnelle des concours publicitaires, le whisky se transformera peut-être en or, en argent ou même en bronze!

Mais s’il existe un secteur où les produits maison sont plus souvent la norme que l’exception, c’est du côté des boîtes numériques. Ayant à leur portée la technologie – et surtout les ressources humaines – quoi de plus alléchant pour elles que de se ruer vers l’El Dorado virtuel. Car, parfois, un filon est découvert! À preuve : Hootsuite. Développée voilà 7 ans par l’agence Invoke Media de Vancouver, la plateforme sociale est maintenant évaluée à 1 milliard de dollars. De quoi faire rêver (penser!) beaucoup de boîtes numériques... québécoises. J’ai rencontré quatre d’entre elles. Chacune a lancé son propre produit au cours de la dernière année. Je vous partage ici quelques pointes de cette conversation all dressed.


Ok les amis. Vous faites déjà de belles choses pour des clients qui vous paient grassement (GRATTEMENT DE GORGE SCEPTIQUE). Pourquoi ce besoin soudain de travailler sans être rémunéré?

Thierry : Le défi de sortir de sa zone de confort! J’aime encore la vie d’agence, mais on avait le goût de bâtir quelque chose qui sorte des limites géographiques du modèle d’affaires des agences. D’où HeartBeat.

Valentin : Suite à l’intégration de RDS chez Bell, on s’est retrouvé avec un client en moins et, surtout, avec un projet qui ne méritait pas de mourir dans l’œuf. On s’est donc tourné vers le FMC pour réaliser la Ligue virtuelle de hockey (LVH).

Valentin Backofen, président, La ligue virtuelle de hockey (LVH)

Robert : Timing is everything. J’ai flashé sur Prkair alors que je cherchais en vain du stationnement sur Saint-Laurent. Cette problématique étant universelle, l’occasion était trop belle pour que l’entrepreneur créatif que je suis passé à côté!

Martin : Tout développeur rêve de lancer son propre produit. Lorsque Jocelyn est arrivé avec l’idée de Lineo Duel, on s’est dit : « tant qu’à donner du temps pro bono, pourquoi ne pas s’occuper de nous-même, pour une fois! »

Martin Dubois, directeur interactif, Lineo Duel


On parle donc d’un projet interne. Bref, le pire type de projet en agence ! Comment on fait pour s’assurer qu’il ne se retrouve pas dans la filière 13… sachant que, contrairement à celui-ci, les autres projets amènent des sous ?

Thierry : Dès le début, nous avons scindé les activités d’HeartBeat de celles de Sigmund. De ce fait, Daniel a vendu ses parts d’agence pour se consacrer au développement du produit.

Mathieu : On a investi. Une ressource à temps plein fut dédiée au projet, nous assurant ainsi que celui-ci avancerait, même en période de rush.

Robert : Organisation, organisation, organisation. Et le président comme investisseur!

Robert Gosselin, président, Prkairm

Valentin : De Phéronomone sont nées deux entités distinctes. Floe, l’agence numérique, et Studio Qi, une boîte dédiée aux jeux sportifs virtuels.


Des surprises en cours de route ?

Robert : Ça coûte cher!!! (RIRES)

Thierry : L’avantage du monde numérique, c’est qu’on peut lancer de façon itérative, donc les suprises sont moins grandes. Ça permet aussi d’ajuster, voire d’épurer en cours de route.

Normand Miron (alias Grenier magazine) : Ahh les versions bêta! Pas sûr que ça marcherait avec du beurre de peanuts. (RE-RIRES)

Mathieu : Pas une surprise, mais un grand constat. C’est pas parce que le produit est terminé qu’il va se vendre automatiquement.

Mathieu Gagnon, directeur de production, Lineo Duel


Et de fait, lorsque j’ai demandé à Thierry et à Robert d’évaluer, sur une échelle de 0 à 100 %, à quelle étape ils étaient rendus, ils m’ont donné la même réponse : 10 %.
10 %, soit la capacité interne que possède une boîte de réaliser un produit fini. Et le 90 % restant ? Tout ce qui sort de son domaine d’expertise premier. Le marketing pour certains, la recherche de financement, la distribution, la prospection, le branding et/ou la monétisation pour d’autres.


Des conseils pour ceux qui voudraient doper leur 10 % ?

Valentin : Partagez le plus tôt possible dans vos cercles de contacts. Le monde est rempli de gens prêts à vous conseiller. _So here’s the buddhist mantra : ask and you shall receive!_

Robert : Trop d’analyse, ça paralyse! Faites-vous confiance. Rencontrez des gens, mais en même temps, ne les écoutez pas trop… juste assez.

Martin : Il faut triper. Si vous ne vous amusez pas, oubliez ça. Vous allez juste comparer les chiffres et souffrir d’insomnie...


Peu importe le résultat, diriez-vous que cet exercice fait déjà de vous de meilleurs entrepreneurs?

Valentin, Robert, Mathieu, Martin, Thierry : U betcha, mon Norm!

Thierry Poitras, président, HeartBeat

Selon statista.com, 45 000 applications et jeux étaient lancés mensuellement, en 2014, sur le App Store. Rien pour effrayer nos téméraires entrepreneurs qui, déjà, nous laissent en plan pour aller penser au prochain produit qui révolutionnera le monde ou, du moins, le leur!

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Article paru dans le Grenier magazine du 1er février. Pour vous abonner, cliquez ici.