La journaliste, auteure et blogueuse Marie-Claude Ducas analyse et commente l’univers des communications québécoises depuis plus de 25 ans. Portrait d’une éminence grise médiatique.

Chaque fois qu’il est question d’enjeux reliés aux communications, le nom de Marie-Claude Ducas refait systématiquement surface. Si le dernier quart de siècle fut le théâtre de nombreux bouleversements médiatiques, la journaliste était toujours aux premières loges. « C’est fou le nombre de petites révolutions auxquelles on a pu assister ces dernières années. Au début de ma carrière, on s’enthousiasmait pour l’arrivée de la télé câblée; aujourd’hui, on essaie de suivre la vague d’innovations générée par les nouvelles technologies. »

Un parcours inattendu


Aujourd’hui blogueuse et auteure de la chronique Médias du Journal de Montréal, Marie-Claude ne se prédestinait pas à entreprendre une carrière axée sur les communications. « Pas du tout! C’était en ’88 : je terminais un BAC en journalisme et en histoire, à l’Université Concordia. J’étais très attirée par le journalisme scientifique – que j’ai aussi pratiqué. Mais c’est par hasard que je me suis retrouvée quelques mois plus tard à travailler chez Infopresse. Comme journaliste, c’était un beau défi de couvrir des sujets reliés à l’ensemble des médias, aux stratégies marketing et à la publicité. Les anglophones que j’avais côtoyés à Concordia, eux, étaient tous très branchés sur les coulisses des médias. Ça faisait partie de leur culture. D’une certaine façon, c’est d’abord eux qui m’avaient amenée à m’intéresser aux mécaniques de la communication en premier. »

Une nouvelle ère


Pour Marie-Claude, qualifier la fin des années ’80 d’époque médiatique charnière tient de l’euphémisme. « Nous avions réellement l’impression de vivre de grands changements. La télévision et la publicité étaient en pleine effervescence. Vous me direz que c’est bien peu à côté de ce que nous vivons aujourd’hui, certes, mais il faut se remettre dans le contexte. Il y avait quand même là quelque chose d’annonciateur pour la suite. » Ce premier séjour chez Infopresse (elle y retournera en 1999, à titre de rédactrice en chef) durera deux ans pour Marie-Claude, jusqu’en 1990. Elle passera ensuite la prochaine décennie à œuvrer comme journaliste pigiste pour diverses publications, telles que L’actualité, Châtelaine et Le Devoir. Cette période marquera aussi – et surtout! – l’apparition d’Internet. « Toutes sortes de supputations avaient cours à ce moment quant aux nouveaux médias. Le potentiel qu’on nous faisait miroiter était immense, mais on ne savait pas encore à ce moment à quel point c’était vrai. »

Les années Infopresse (bis)


Fin de la décennie ’90, Marie-Claude revient par la grande porte au sein de l’équipe d’Infopresse, à titre de rédactrice en chef : une résidence de 12 années qui lui ont fait couvrir la révolution numérique sous tous ses angles. « Ce serait difficile pour moi d’identifier ne serait-ce qu’un événement marquant en particulier à travers ce parcours. De la naissance des réseaux sociaux jusqu’à l’utilisation créative qu’en ont fait certaines entreprises, il y en a eu des centaines. Toutefois, malgré les métamorphoses, je suis toujours étonnée de voir à quel point certaines tendances reviennent. À un certain moment, plusieurs croyaient que le métier de journaliste était en péril, puisqu’on disait que l’Internet finirait par se suffire à lui-même pour générer de l’information. Force est d’admettre aujourd’hui que les utilisateurs ont été sensibilisés à l’importance d’obtenir des sources fiables. Même chose pour les séries narratives et la télé, que beaucoup ont enterrés trop hâtivement. Qu’est-ce qui cartonne en ce moment? Ce sont les House of cards et autres produits de Netflix. Le narratif aura toujours la cote. C’est la façon de le consommer qui change! »

L’influence de Jacques Bouchard


Lorsque questionnée sur ses multiples réalisations, Marie-Claude ne cache pas avoir un faible pour sa biographie sur Jacques Bouchard, un éminent publicitaire québécois des années ’70, et fondateur de l’agence BCP. « J’ai une grande fascination pour cet homme. L’empreinte qu’a laissée Bouchard ici est immense. Pour moi, c’est un héros québécois majeur, à l’instar de Louis Cyr et de Maurice Richard. Il a aidé le Québec à relever son propre ADN. Il a permis aux Québécois de se libérer de la domination, grâce à l’intelligence et à l’éducation. Sa réflexion nous amène à nous poser une grande question : qu’est-ce que les Québécois possèdent comme expertise pouvant leur permettre d’exporter leurs idées? Et que répond Marie-Claude à cette question? « L’événementiel. Nous savons tirer les bonnes ficelles émotives pour réussir à créer l’événement. Les Québécois sont rassembleurs. »


Article paru dans le Grenier magazine du 17 octobre 2015. Pour vous abonner, cliquez ici.