Géant du paysage médiatique canadien depuis plus d’une décennie, Bell Media s’établit désormais aussi comme l’un des joueurs majeurs de la radiophonie québécoise. Portrait d’une entreprise ambitieuse et prête à faire face à la musique.

Après plusieurs mois de tractations, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications autorise enfin l’une des plus importantes transactions jamais réalisées dans l’industrie médiatique canadienne : l’achat des chaines Astral, par Bell Media, pour la somme de 3.2 milliards de dollars. « C’était en juin 2013, se remémore Carlo Laudadio, directeur des ventes nationales radio chez Bell Media. La donne venait de changer! On sentait qu’un vent d’excitation soufflait sur toute l’industrie. » Près de deux années et demie plus tard, les expectatives se sont transformées en actions concrètes. Et Bell Media vogue aujourd’hui avec le vent en poupe.

Objectif : complémentarité


Fait : avec les stations Rouge Fm et Énergie, le rayonnement de Bell Media est actuellement à son plus fort, auprès des 25-54 ans. « C’est une tranche d’âge prisée, souligne Carlo Laudadio. Ces deux stations se classent extrêmement bien dans ce groupe d’auditeurs. Pour nous, c’est très significatif. » Carlo met néanmoins l’accent sur un concept de succès global : celui de la complémentarité des différentes stations. « Chacune de nos radios possède sa propre niche, confirme-t-il. En effet, Énergie attire les hommes et les jeunes familles, tandis que Rouge rassemble un auditoire plus féminin ; Boom, de son côté, séduit les babys boomers. Du côté anglophone, CJAD AM, ne l’oublions pas, est une véritable institution en termes de radio parlée, tout comme TSN Radio l’est pour les amateurs de sports. Nos cotes d’écoute n’ont pas toutes le même succès, mais notre couverture est très large. Cela dit, le fait d’avoir des stations qui fonctionnent mieux que d’autres ne veut pas dire qu’il faille tenter de rassembler tout le monde au même poste. Ce serait une erreur stratégique monumentale. »

Stabilité et évolution


Pour Carlo, le respect de la personnalité des radios reste aussi un gage de fidélisation, autant pour le public que pour les partenaires publicitaires. « Les changements au sein d’une station doivent se faire minutieusement, voire progressivement, affirme-t-il. Prenons Énergie, par exemple : le grand enjeu, avec une antenne établie comme celle-ci, c'est de savoir évoluer pour rester compétitif, tout en demeurant fidèle à ses auditeurs. » En ce sens, les défis ont été de taille ces derniers mois, après que trois des cases névralgiques de la programmation aient été entièrement repensées – dont celle du retour, appartenant jadis aux Grandes Gueules. « Il est encore très tôt pour évaluer la qualité des modifications apportées, estime toutefois Carlo Laudadio, mais nous sommes fiers de ce qui a été fait. Les sondages sauront nous donner raison, éventuellement. Nous souhaitons donc nous laisser au moins une année avant de juger, d’abord parce que nous sommes satisfaits des nouveautés qui se retrouvent en ondes, mais aussi parce qu’il faut savoir user d’un peu de patience. Notre but est d’en arriver à créer une certaine stabilité, dans un contexte en pleine évolution. Il faut seulement laisser le temps à l’auditoire de s’adapter. »

Carlo Laudadio

Vers une radio parlée ?
Ainsi, l’auditoire devra-t-il s’adapter à un style plus généralisé de radios parlées, un nouvelle tendance qui infiltre désormais de plus en plus les stations commerciales? « C’est vrai que ce style gagne en popularité, confirme Laudadio. Et avec raison : la musique sur le Web est maintenant plus accessible qu’elle ne l’a jamais été. Si les radios de Québec ont toujours été friandes de talk radio et d’opinions, je vous dirais que les radios de Montréal entrent davantage dans un style plus hybride, soit musical et parlé. Cela ne change en rien notre mandat, qui est celui de divertir, d’informer et d’inspirer les auditeurs. Ça, personne ne le fait mieux que nous et c’est ce qui nous rend compétitifs! Par contre, il faut aussi connaître les forces de nos concurrents. Par exemple, ce n’est pas demain que nous irons jouer dans les tales d’un gars comme Paul Arcand : il est ce qu’on appelle un intouchable dans son domaine. Nous, nous le sommes dans d’autres choses! »

Un médium vivant


Aux yeux de Carlo Laudadio, la vive concurrence qui plane sur l’industrie de la radiophonie est d’abord porteuse d’un constat tout ce qu’il y a de plus salutaire : celui attestant que le médium se porte bien. « Il est démontré que 96 % des 18-34 écoutent la radio au moins à toutes les semaines, note-t-il. Ce n’est pas rien! Le médium est en transformation, certes, mais il est plus vivant que jamais. Chez Bell Media, nous exploitons déjà à plein régime l’avenu du Web, autant du côté de nos solutions publicitaires, que de nos expériences multiplateformes. L’avenir s’annonce intéressant. Nous sommes donc excités à l’idée de faire face à de nouveaux défis – des défis à la hauteur de nos ambitions! »


Article paru dans le Grenier magazine du 3 octobre 2015. Pour vous abonner, cliquez ici.