Le Grenier aux nouvelles présente une toute nouvelle série d'entrevues avec les créatifs du milieu publicitaire québécois. De façon ponctuelle, nous poserons une question différente à une dizaine d'intervenants du milieu afin de connaître leur opinion sur des problématiques, des enjeux et des défis de l'industrie publicitaire.

Bonne lecture!

Un pitch de rêve, ça ressemble à quoi? Ce processus est-il voué à disparaître?



«Ça n’existe pas. Si vous n’êtes pas capables de nous évaluer sur notre travail réalisé jusqu’ici, si vous n’êtes pas capables d’évaluer nos expertises et talents lors d’une rencontre en face à face, si vous n’êtes pas assez confiants pour mettre votre argent derrière votre produit et faire confiance, c’est que nous ne sommes pas faits pour travailler ensemble. Les pitchs sont une pratique archaïque qui permettent aux clients de ramasser des idées et de se sécuriser dans leur choix. Et, malheureusement, c’est seulement dans notre industrie qu’on tolère ce genre de pratique. Bref, je suis contre… :)»
Jimmy Berthelet, fondateur, Stand MTL


«Je travaille avec des entrepreneurs qui ont des projets stimulants et se sentent en confiance avec notre équipe. Un pitch? Désolé, je n'ai pas le temps.»
Hughes Chandonnet, directeur de création, Hubrid


«Un pitch, c’est une occasion de se frotter. Ça va toujours rester. Le pitch parfait, pour moi, c’est celui qui évalue ta vision et surtout pas les concours de dessins.»
Mathieu Bédard, président, Défi marketing


«Un jour, il n’y aura plus de pitch et tous les contrats seront octroyés à tour de rôle par Kim Jong-un. Il y aura aussi beaucoup de photos avec lui.»
Stéphane Veilleux, concepteur-rédacteur et associé, Brad


«Pour moi un pitch de rêve, c’est quand je sais que mon équipe et moi nous nous mesurons aux meilleures agences d’ici et d’ailleurs. Les pitchs sont nécessaires car ils permettent aux clients de savoir si les agences sont à la hauteur de leur bullshit.»
Nicolas Massey, directeur de création, Publicis


«Une fois terminé, tu te dis que t'aurais pas pu faire mieux.»
Jean-Christian Bizier, directeur de création, Palm+Havas


«Dans mon «pitch de rêve», il y a des lions et du feu, ça c’est certain! Il y a quand même quelque chose de stimulant et de «glamour» dans le processus de pitch. Par contre, encore trop souvent, les clients demandent beaucoup d’investissement de temps et d’argent aux agences pour PEUT-ÊTRE remporter leurs comptes. Je ne crois pas que le processus disparaîtra complètement, mais il devra s’ajuster à la nouvelle réalité des agences. Le Guide de sélection d’une agence de l’AAPQ, est notamment une belle initiative pour aider le client et les agences à passer à travers ce processus.»
Simon Allard, associé et directeur de création, 32 MARS


«Le pitch est la forme la plus injuste et la plus primitive en relation d’affaires. Malheureusement, le temps passe et malgré les efforts constants de l’AAPQ, nous avons la preuve que ce processus continue de ruiner le temps et l’énergie des agences. Un pitch de rêve, c’est l’inverse du pitch actuel: c’est quand une agence choisit un client, par passion, par conviction, par sens du devoir parfois. Heureusement, il existe ce genre de relations dans plusieurs agences... et bizarrement, ces clients-là ne veulent plus jamais s’en aller.»
Gaëtan Namouric, associé et chef de la réflexion créative, Bleublancrouge


«Un pitch de rêve est un pitch qu’on gagne avec du travail qu’on a réellement envie de faire. Quant au processus de pitch, je ne crois vraiment pas qu’il est sur le point de disparaître. Il y a tellement de roulement dans les postes de direction chez les clients qu’en tant qu’agence, on nous demande constamment de nous prouver, au lieu de se fier à nos réalisations.»
Linda Dawe, conceptrice-rédactrice, TAXI Canada


«Le meilleur pitch est celui que l’on fait sans aucun artifice, sans maquette, sans démo, sans Keynote ou support de présentation. Sinon soi-même et sa passion. C’est quand on se met à nu devant le client et qu’en l’espace de quelques minutes, on lui fasse vivre notre folie, notre idée, notre histoire. La créativité est contagieuse. Faut juste lui laisser la chance de l’être.»
Pier Lalonde, Directeur créativité et stratégie, Pixel & Cie


«Le pitch parfait serait de ne pas avoir 20 agences en lice pour les présentations. Bien sûr, d’avoir une enveloppe budgétaire pour la réalisation de maquettes et de la planification. Avoir une demande (brief) assez claire des attentes du client. Un client transparent sur son budget de réalisation. De retrouver chez le client les mêmes visions de la marque, partager le même objectif pour sa communication. Mais, à l’unanimité, le pitch de rêve, c’est de gagner le client! Les directeurs marketing et les brand manager n'ont tellement pas de temps pour créer des résultats que la moitié des espérances décrites ci-haut sont radiées aussitôt. Le temps sera toujours la plus grosse contrainte, d’après moi.»
Mathieu Fortin, associé et directeur de création, Kamicase