La Ligue nationale de hockey (LNH) a de nouveau défendu sa position lors d'une rencontre entre exécutifs à New York: il n'y aura pas de publicité sur les uniformes des joueurs. Le Grenier aux nouvelles s'est entretenu avec Jean Gosselin, stratège en communication corporative et spécialiste du milieu sportif, afin de connaître son opinion sur le sujet.

Loin d'être sans conséquence, cette décision prive actuellement la ligue d'un revenu estimé à 120 millions de dollars, soit près de quatre millions de dollars par équipe à long terme.

Non maintenant, oui plus tard?

Grenier aux nouvelles (GAN): «Malgré le refus récent de la LNH de donner la possibilité aux annonceurs d'apposer leur logo sur les chandails de LNH, croyez-vous que cela se fera tout de même un jour?»
Jean Gosselin (JG): «Assurément. Les sources de revenus ne sont pas multiples, surtout pour les équipes qui remplissent déjà des arénas. Le hockey est un sport de billeterie, mais il y a une limite à ce qu'on peut demander aux fans de payer pour un billet. Les revenus plafonnent rapidement. Et même si 4 millions de dollars sont à peine suffisants pour payer un joueur de troisième trio, cela reste tout de même une somme considérable; à mon avis, la LNH ne pourra laisser l'argent sur la table encore bien longtemps.»

Tradition ou avarice?

GAN: «Pour quelle(s) raison(s) croyez-vous que la LNH a refusé?»
JG: «Il y a évidemment l'aspect traditionnel à considérer, puisque l'univers sportif en est un de tradition. Mais selon moi, c'est surtout parce que la ligue ne souhaite pas agir en premier. Il n'y a pas de comparables pour le moment en Amérique du Nord, et la ligue n'aurait pas intérêt à aller trop vite dans ce dossier. Retarder l'apposition de logos sur les uniformes lui permettra de faire monter les enchères en attendant que d'autres ligues professionnelles fassent le premier pas, et cela pourrait lui permettre d'atteindre des revenus de 7, 8 voire 10 millions de dollars.»

Les fans sont-ils prêts?

GAN: «Enfin, croyez-vous que les fans de hockey seraient réticents à voir apparaître des logos sur les chandails de la LNH?»
JG: «Ils ne sont pas nécessairement prêts. Si la ligue est traditionnelle et réticente aux changements, les fans le sont aussi, d'une certaine façon. Mais la présence d'un logo sur l'uniforme d'un joueur ne nuira pas à la qualité du spectacle, cela ne créera pas de distractions visuelles nuisibles à l'expérience. Si l'on se rappelle l'apparition controversée des logos sur les bandes de la patinoire, on ne s'imagine plus les arénas sans, maintenant. Ces logos permettent une diversification des revenus dans un univers de sport industriel, et c'est, selon moi, un élément incontournable.»