L’agence montréalaise AOD Marketing s’est intéressée à la campagne numérique des principaux candidats à la mairie de Montréal. À l’heure où les Canadiens sont branchés en moyenne près de 7 heures par jour*, l’occasion était grande de partager leurs idées à un grand bassin d’électeurs pendant la course à la Mairie. Mais, est-ce que Valérie Plante et Denis Coderre ont judicieusement saisi cette occasion ? Résumé du Grenier magazine.

Le premier constat

Les données recueillies du 22 septembre au 22 octobre 2017 par AOD Marketing démontrent que les deux candidats n’ont pas mesuré l’efficacité et l’efficience d’une campagne numérique marketing. Ce faisant, certaines occasions du volet numérique n’ont pas été saisies de part et d’autre, lesquelles auraient pu faire une différence, particulièrement aux endroits où les intentions de vote étaient partagées. En effet, comme les deux candidats étaient nez à nez, une campagne numérique aurait assurément permis à madame Plante et monsieur Coderre d’avoir une meilleure portée. Est-ce que Denis Coderre aurait tenu sa grande visibilité pour acquise ? Est-ce que sa plus redoutable adversaire aurait dû voir au-delà de l’image de mairesse humaine et près des gens qu’elle a voulu projeter tout au long de la campagne ? Regardons cela de plus près.

Les erreurs

Parmi les erreurs importantes des candidats, on souligne du côté de Valérie Plante, la dilution de ses abonnés occasionnée par son double profil, soit sa page Facebook et la page de Projet Montréal. De plus, les nombreux microsites créés par son parti ont entraîné une certaine confusion auprès de son électorat. Aussi, un Google Analytics non configuré sur le site de Projet Montréal empêchait l’analyse de la portée des campagnes de son parti et l’identification des cibles avec précision. Côté Coderre, on a noté l’existence d’un faux profil portant atteinte à sa réputation et son absence sur Instagram sans laquelle il ne pouvait atteindre les jeunes électeurs. Dans les deux camps, AOD Marketing a relevé la non-intégration des pixels Facebook sur les sites des partis, les privant de remarketing. En effet, en installant un pixel sur un site Internet, on arrive à identifier son audience et en créer une similaire sur Facebook. Enfin, AOD Marketing a ajouté aux erreurs des deux candidats les vidéos postées sur Facebook sans sous-titrages entraînant une importante perte d’interaction possible avec les utilisateurs (qui pour la plupart n’utilisent pas le son) et la non-utilisation de campagnes publicitaires payantes dès le début de la course à la chefferie.

Au fait, les principaux candidats avaient-ils stratégiquement planifié leurs actions sur le plan numérique ?

Non. Cependant, Valérie Plante et Denis Coderre ont eu des agissements favorables à l’augmentation de leur popularité. Par exemple, avec ses publications de nature personnelle sur son compte Twitter, Denis Coderre crée un sentiment d’appartenance avec ses électeurs. Ainsi, sa notoriété Web, laquelle est notamment due à son mandat de maire et sa réputation, ne fait aucun doute, ce qui l’avantage considérablement dans le référencement Google. Il faut dire qu’avec un nom de parti incluant Denis Coderre, sa visibilité Google est maximisée. Il compte aussi un grand nombre d’abonnés, exploite son profil personnel et possède un profil Facebook certifié. Quant à Valérie Plante, le ton amical, positif et humain utilisé dans ses publications Facebook reflète exactement l’image qu’elle souhaite projeter. Autres points positifs pour Plante : le contenu diffusé par la page de Projet Montréal traite d’une grande variété d’enjeux et le taux élevé d’engagement de ses publications.

Le mot de la fin par Augustin Vazquez-Levi, président-fondateur d’AOD Marketing

«Force est de constater que, selon toute vraisemblance, les candidats n’ont pas pris la mesure de l’impact d’Internet et des multiples possibilités que ce média offre en matière de marketing numérique, notamment pour cibler des électeurs de façon très précise. Les candidats sont présents et actifs, mais d’un point de vue stratégique, on est encore bien loin des campagnes numériques qui ont lieu aux États-Unis pour les élections ! Certes, l’enjeu est local, mais les occasions étaient d’autant plus nombreuses, notamment avec des stratégies de géolocalisation par quartier, etc.»

*Source : étude We Are Social et Hootsuite, janvier 2017

Cet article a été publié dans le Grenier magazine (Vol. 3 - Numéro 06 - 06 novembre 2017).