Comme c’est le cas pour toutes les agences, nous sommes régulièrement sollicitées par des entreprises, des organisations gouvernementales ou encore des OBNL qui nous invitent à participer à leur appel d’offres. Il s’agit d’un processus auquel nous nous prêtons avec grand plaisir puisqu’il nous permet de faire valoir notre expertise auprès de décideurs souhaitant dénicher la meilleure agence à qui confier un mandat de communication. Dans la majorité des cas, le processus s’inscrit dans une approche éthique et respectueuse. Il s’agit essentiellement pour l’agence de préparer une offre de services accompagnée d’une évaluation budgétaire basée sur le cahier de charge qui lui est transmis, puis de participer à une rencontre avec le client afin de lui présenter ses services et la nature de son expertise. Cette ultime étape permet alors au client de valider s’il y a une affinité naturelle avec l’une ou l’autre des agences en lice.

Comme nous devrons consacrer un certain nombre d’heures à analyser un projet et en faire l’évaluation, nous posons systématiquement trois questions au client avant même de nous prêter à l’exercice. Quel est le budget consacré à votre projet ? On a tous reçu des appels d’offres de projets très ambitieux dont l’envergure des livrables n’avait aucune commune mesure avec les ressources faméliques dont disposait le client. Combien d’agences ont été invitées à participer à l’appel d’offres ? Et finalement, la proposition doit-elle inclure la présentation d’un concept visuel ou d’un axe créatif ?

Certains clients sont frileux à transmettre des indications budgétaires et nous pouvons alors présumer qu’il a les moyens de ses ambitions. Ou pas. Parfois, deux ou trois agences sont invitées à se prêter à l’exercice, ce qui est tout à fait raisonnable. Dernièrement, il semble toutefois y avoir une tendance pour le moins inquiétante. Nous recevons un nombre croissant d’invitations à soumissionner qui dénotent un mépris vexant du travail qui est le nôtre. À titre d’exemple, nous avons récemment décliné une invitation à présenter une offre de services auxquels avaient été invitées six autres agences (!) qui devaient chacune fournir une proposition d’approche graphique pour la refonte complète du branding d’une entreprise disposant en tout et pour tout d’un budget total de 15 000 $ !

Si on calcule très sommairement que chaque agence devra minimalement consacrer une trentaine d’heures à un tel exercice. C’est près de 200 heures de travail qu’obtiendrait sans frais le client, alors que déjà, ce temps excède largement le budget total du projet ! Avec tout au plus 15 % de chance de remporter ce mandat, c’est une loterie à laquelle bien peu d’entre nous avons le luxe de participer.

J’ai publié l’an dernier, un article qui traitait de la question. La tendance semble non seulement encore bien ancrée au sein de notre industrie, mais je m’inquiète de constater qu’il s’agit d’une pratique privilégiée par un nombre croissant d’entreprises qui n’accordent, semble-t-il, que bien peu de valeur à notre travail.

En me renseignant à gauche et à droite, je ne suis pas arrivé à trouver un seul autre secteur de service professionnel aux prises avec un phénomène aussi étrange que désolant.