Photo : Donald Robitaille/OSA Imagess

Agence la plus récompensée au Québec au cours des neuf dernières années, nommée agence de l’année 2015 par la revue Marketing (une première pour une agence média !), tout ce que touche Touché! semble se transformer en or, en argent ou en bronze. Être créatif dans un monde qui carbure aux données, ça se fait comment ? On en jase avec Karine Courtemanche et Alain Desormiers.

Karine Courtemanche, Présidente, Touché!

Alain Desormiers, Fondateur et chef de la direction, Touché!

Duo. Brisons la glace. Quel est le fait marquant qui a permis à Touché! de prendre cet envol spectaculaire ?

Alain : L’arrivée de Karine ! (RIRES) Sérieusement, je dirais que ça s’est passé en 2004, au moment où nous avons décidé de nous joindre au réseau Omnicom Group. Ce fut un véritable catalyseur pour nous. Instantanément, nous sommes passés d’une petite boite locale de passionnés à un solide bureau d’un grand groupe mondial, avec tous les avantages, le pouvoir d’achat et les outils qui viennent avec.

Lorsqu’une agence indépendante se joint à un réseau, il arrive souvent qu’elle perde l’âme qui l’animait. Or dans votre cas, c’est tout le contraire ; ça sent plus le Touché! que l’Omnicom !

Alain : Dès le début, c’était clair qu’on allait conserver notre agilité. Oui, on faisait partie d’un gros réseau. Mais on allait continuer de faire les choses à notre façon. D’où notre crédo : « Deal like a network, think like a startup ».

Une startup en méchante belle croissance! Nombre d’employés qui quadruple en quatre ans, un nouveau bureau à Toronto qui passe de 0 à 80 employés en quatre ans également.

Karine : C’est clair que le gain de Canadian Tire a été un élément marquant pour nous. Hey, la petite agence média montréalaise qui remporte le compte d’un des plus gros détaillants au Canada. _Shocking _! Mais tout ça, c’est le fruit d’un plan de match clairement établi voilà 10 ans. À cette époque, on s’était dit que pour nous distinguer dans cet environnement hyper concurrentiel, nous devions sortir un produit média distinctif et créatif. À partir de là, la créativité est devenue l’élément central de notre culture. Ça fait même partie des critères d’évaluation des employés !

D’ailleurs, je suis certain qu’il y en a qui se demande si vous êtes une boite de création ou une agence média.

Alain : C’est quasiment les deux :)

Karine : Il faut comprendre que l’univers média a énormément évolué au cours des dernières années. Avant, c’était relativement simple : on planifiait les campagnes — qui avaient un début et une fin — puis on se revoyait l’année suivante. Maintenant, nous sommes dans un mode always on. Les consommateurs nous laissent constamment des traces sous forme de clics, d’achats, de likes. Ces données nous procurent de puissants insights. Ça nous permet d’orienter les équipes de création selon ce qui semble bien fonctionner ou non.

Alain : Depuis deux ans, les mégadonnées changent tout, tout, tout. Une agence média qui prétend performer ne peut ignorer ce nouveau volet. Par contre, ce qui caractérise Touché! depuis le début, c’est la créativité. Elle est dans notre ADN. On s’est donc dotés d’une nouvelle signature qui vient réunir ces deux mondes : « Guidée par les données. Portée par la créativité. » Les deux ensemble, c’est la recette. Oui, plein de lecteurs se diront que tout le monde dit la même affaire. La différence, notre lot de prix remportés prouve qu’on ne fait pas juste en parler. On le fait.

Seulement dans les dernières semaines : 11 nominations au Festival of Media Globe de Rome et seule agence canadienne dans le top 50 des agences média mondiales du WARC 100. C’est important tous ces concours ?

Karine : Tu le sais Normand, présenter du média, c’est long et compliqué. Nous, on n’a pas de concepts publicitaires à présenter : ça se résume à un gros fichier Excel ! Pas ben ben sexy tout ça. Notre participation assidue aux concours nous a donc appris à démontrer en deux minutes l’impact concret de la créativité média. Car contrairement aux concours créatifs, les concours médias accordent une grande importance aux chiffres, aux résultats. Ce n’est donc pas juste du PR. C’est la preuve que la créativité génère de la business.

Perspective d’avenir ?

Alain : Le Canada est un petit marché, mais on pense qu’il y a encore beaucoup de place pour nous. Toutefois, ça va surtout passer par Toronto.

Karine : Notre industrie a été énormément écorchée au cours des dernières années. Je sens beaucoup de cynisme dans le monde des médias. Je nous souhaite donc d’être capables de remettre un peu d’amour dans notre beau milieu. Il le mérite bien.

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Cet article a été publié dans le Grenier magazine (Vol. 2 - Numéro 30 - 17 avril 2017).