De son premier bureau dans un ancien salon de coiffure sur Saint-Denis à celui de la rue Saint-Ambroise, Akufen est passé de la petite gang de partyeurs qui faisait du beau ouèbe à une entreprise de plus de 40 spécialistes qui fait toujours du beau ouèbe... et des partys à l’occasion ! Retour sur ses dix premières années.

Entretien avec Akufen


Épisode 1


Épisode 2


Photo: Donald Robitaille

Groupe. Vous avez travaillé avec des clients de France, de Los Angeles, de New York (dont Droga 5). Avez-vous toujours fait dans l’international ?


Guillaume : Au début, nos clients étaient surtout des agences d’ici. Comme c’était toujours en white label, on n’apparaissait jamais dans les crédits. En 2009, crise économique oblige, on est allé chercher des clients directement. Puis de fil en aiguille, on a commencé à offrir des services de design imprimé, d’identité visuelle, etc.

Guillaume Braun
Chef de la création/fondateur

Éric : Mais, on ne s’est pas levé un matin en se disant « on va être 45, on va faire de la stratégie, on va faire des campagnes ». On a surtout été réactif aux opportunités qui se présentaient à nous.

Éric Hamelin
Chef des opérations, associé

Guillaume : Parfois, à travers les mandats, on constatait que certains clients avaient un branding qui ne tenait pas la route. On leur proposait donc de commencer par l’identité de marque avant même de toucher au site.

En cours de route, vous avez décidé d’intégrer la production à l’interne. Pourquoi ?


Christian : Longtemps, on a travaillé avec des pigistes. Mais le problème, c’est que tu as des catégories A, B et C. Si ton catégorie A est occupé, tu tombes sur le B. Si lui aussi est occupé, tu te retrouves sur le C. À la fin de la journée, tu vends le même produit au même prix, mais avec une qualité moindre.

Christian Lebel
Directeur de production / production interactive, associé

Guillaume : Quand la production ne suit pas, la création ne lève pas. Et quand ton core c’est le design, ça ne pardonne pas. C’est à ce moment que Christian s’est joint à nous et qu’il a monté un service de production de l’enfer. Finis les pigistes.

Vous avez longtemps été perçu comme une boite de Flash. Comment avez-vous survécu à sa disparition ?


Guillaume : Dans cette business, si tu restes obstinément avec la même technologie, tu vas mourir avec elle; on s’est donc tout simplement adapté. On s’est mis à coder en JavaScript, une technologie vieille de quinze ans ! Heureusement que HTML5 a fini par décoller. Dans cinq ans, s’il y a une nouvelle technologie, on ira là.

C’est moi ou le ouèbe est rendu ennuyant ?


Christian : C’est à cause de l’éclatement des plateformes, du flat design et du responsive; on doit travailler avec le plus petit dénominateur commun. Résultat : les sites des petites compagnies ressemblent de plus en plus à celles des grosses entreprises. Pas une bonne nouvelle pour eux, ça.

Guillaume : L’industrie du point com est en train de mourir. Ce que tu viens chercher chez Akufen, c’est pour te distinguer, comme quelqu’un qui essaie de se distinguer avec les vêtements qu’il porte. Tu veux du normcore, ben, les outils sont là : tu peux faire ton site tout seul, tu vas juste être un parmi les autres. Mais si tu veux être différent, si tu veux que ta marque shine, faut investir.

Vous avez fait des projets interactifs incroyables, seuls ou avec d’autres. Je pense entre autres à Dada Data, Émilie, Journal d’une insomnie collective, Fort McMoney, etc. C’est possible pour les marques d’aller sur ces territoires ?


Éric : On croit beaucoup au transfert de notre expertise en contenu interactif vers des clients plus corporatifs. Comme disait Christian, les marques ont tout à gagner à se distinguer de leur compétition. Un branding solide, un site interactif, c’est une façon solide de se distinguer.

Guillaume : Et les gens pensent qu’on fait juste des projets pétés. Mais il n’y a pas de clients trop corpo pour nous. On a fait une campagne pour McGill qui a gagné plein de prix. Pour nous, c’était relativement standard, mais pour eux c’était la découverte de nouvelles façons de se promouvoir en ligne. Et de se distinguer.

Quand on parcourt votre portfolio, on ne peut que remarquer l’alléchante brochette de sites de restaurant que vous avez réalisé. C’était voulu cette spécialisation ?


Guillaume : Ça l’a commencé par hasard. Bruno et moi on lançait Insomnies à New York. On avait été mangé au restaurant Babbo de Mario Batali avec Mark Ecko (Ecko Unlimited). Deux mois plus tard, on avait le contrat pour refaire les sites de ses dix restaurants ! Puis ce fut la quinzaine de restaurants de Sprout LA. Puis les Momofuku de David Chang ainsi que Lucky Peach, son magazine et son blogue. Mais ce n’est pas une spécialisation. C’est juste qu’on en a fait beaucoup en peu de temps.

Comme dans l’émission télé, vous êtes vraiment tombés dans The Mind of the Chefs !


Guillaume : Ouin, mais on dû mal utiliser la recette ici parce qu’on a perdu le pitch de Steak Frites Saint-Paul ! (RIRES)

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