Comment ? Vous croyez encore à l’adage qui dit qu’une image vaut mille mots ? Ça fait tellement 2015. Pour être de son temps, comme tout bon Gen Alpha vous l’apprendra, il faut dorénavant dire : un emoji vaut mille émotions. Lorsque le distingué MOMA annonça récemment qu’il ajoutait à sa collection permanente les 176 premiers emoji, conçus en 1999 par Shigetaka Kurita, on donnait officiellement à l’emoji ses lettres de royauté.


Né à l’époque des pagettes et du téléphone flip-flop, l’emoji fit rage instantanément au Japon; chose normale, me direz-vous pour un peuple qui carbure à l’idéogramme depuis toujours. Toutefois, en Occident, il fallut attendre 2010 pour le voir se pointer le bout du nez, le temps que le Consortium Unicode l’intègre à son répertoire de 128 172 caractères.

En permettant aux midinettes de partager leur émotions à leurs copines, l’emoji donna le coup de grâce aux LOL de ce monde; même s’il en subsiste encore quelques vestiges — hélas ! – ici et là sur Facebook. Oui, je vous regarde, vous!


L’emoji — du japonais image « e » et mot « moji » — est la version mobile des émoticônes ASCII, vous savez, les fameux :-) ou :-( ! Mais il ne s’agit pas que d’une évolution technologique. Parce que nous sommes des créatures sociales, l’emoji vient compenser le manque d’indices paralinguistiques de nos communications virtuelles, tels les gestes ou les expressions faciales par exemple.

Une étude a d’ailleurs démontré que les émoticônes ASCII affectaient les gens d’une façon similaire à celles des expressions d’un vrai visage (surtout les femmes, nous dit-on). On peut légitimement penser que l’emoji possède un potentiel émotif encore plus puissant que l’ASCII. Car plutôt que d’être limité aux petits bonhommes sourires et des petits bonhommes tristounets, on peut maintenant mettre les points sur les « i » ou évoquer un vague besoin de vacances en quelques touches. Ou faire un nouveau type de campagnes publicitaires.

Et la pub dans tout ça ?


L’emoji est un terrain de jeu qu’ont à peine commencé à défricher les publicitaires. Mais attention à ceux qui oseraient s’y aventurer sans en maitriser le vernaculaire, le terrain s’avère miné. Quelques faux pas et tout saute! Comme l’ont appris à leurs dépens Uber, MasterCard et quelques autres en usurpant piètrement le populaire major key de l’artiste DJ Khahled.

D’autres s’en sont toutefois très bien sortis. Comme Domino’s et Porter + Bogulsky qui séduisaient le Tout-Cannes l’an dernier en remportant le Grand Prix Titanium grâce à leur ingénieux système de commande de pizza par Twitter. Petite fringale ? On tweete l’emoji Pizza de Domino’s et hop! la commande est passée.


On peut souligner également à Bud Light et son patriotique tweet du 4 juillet recréant le Stars and Stripes par un habile montage d’emoji. Ou Dove qui, réalisant que les minois des emoji officiels du consortium avaient tous les cheveux droits, y alla de son propre clavier d’emoji aux figurines à la chevelure joyeusement bouclée ! L’industrie publicitaire elle-même ne fut pas en reste. Dogwash a créé un buzz à travers la planète pub en lançant son clavier de messagerie destiné au «parfait» directeur de création.

Et détrompez-vous. Le phénomène ne vit pas que sur Internet. À preuve, ce panneau publicitaire à l’irrévérencieuse charade pour le film Deadpool qui s’est méritée à peu près tout ce qui mérite d’être gagné au monde. Ce n’est quand même pas de la merde, non ?


Une image qui vaut 100 millions de dollars ?


Cette année au SXSW, Christian Brucculeri, le CEO de Snaps - une start up de solutions de messagerie, déclara à Adweek qu’il « pensait avoir devant lui un marché de 100 millions de dollars. » Considérant que sa firme a déjà récolté des dizaines de clients, dont Victoria’s Secret, Pepsi, Coca Cola, MacDonald’s, Burger King et Toyota, on peut croire qu’il n’est pas très loin de la réalité.

Kim Kardashian non plus. À l’apogée des ventes de son application Kimojis (1,99 $), elle engrangea des revenus bruts de 1 million $ par minute, faisant ainsi crasher l’App Store.


Créatifs, à vos emojis! Qui sait, des tonnes de Lions d'or vous attendent peut-être. Ne prenez pas de chance, sortez vos talons hauts et vos chapeaux haut-de-forme!

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