Connu comme la voix francophone de Paramount Pictures en Amérique du Nord et expert en communication d’influence, il raconte des histoires depuis plus de 20 ans. À mon tour de raconter son odyssée.


Quand on demande à Nabil les qualités d’un excellent conférencier, formateur ou coach, il nous parle de la soirée des Oscars, de documentaires de la BBC et de vitamines.

Mais comment intégrer ces notions concrètement ?


« Tout d’abord, il faut avoir vécu une vie antérieure qu’on a envie de partager et ainsi faciliter le parcours des gens qui veulent suivre une voie semblable. La plus grande qualité d’une personne qui présente est son désir de communiquer. L‘idée n’est pas de simplement faire étalage de ce qu’on sait, mais de communiquer avec le plus d’authenticité, d’intériorité et d’émotion possible pour que le transfert d’information se fasse.

J’estime que toute présentation doit être à la fois aussi divertissante qu’une soirée des Oscars; aussi solide qu’un documentaire de la BBC, et aussi inspirante qu’un discours de Gandhi. Il faut avoir l’action d’une vitamine, c’est-à-dire une énergie bien dosée qui alimente le corps et l’esprit. Un discours doit faire réfléchir longtemps et permettre aux gens d’interpréter et d’appliquer certains principes qui les ont émus et inspirés. »

Nabil Doss
Expert en communication d’influence

Une de vos conférences est liée au pouvoir de la voix, la façon de bien l’utiliser pour être porteur d’un message fort. Comment la voix joue-t-elle un rôle dans la livraison d’un message qui résonne ?


« La voix est l’enfant pauvre quand vient le temps de prendre parole en public  ! On tient ça pour acquis alors que tellement de choses passent par la voix. Chacune de mes conférences la met au premier plan. Autant le verbal, que le non verbal comme le son, le rythme et la dynamique. Et au-delà de tout cela, il faut être conscient de la fréquence vibratoire qu’on émet lorsqu’on parle; ce champ énergétique est très réel ! Le ton peut être rassurant, provocateur ou déstabilisant. Il importe au leader de jouer avec sa voix et de réaliser tout le pouvoir de son influence. »

Comment votre expérience façonne-t-elle vos conférences ?


« J’ai créé le programme “Informer, influencer, inspirer” comme conférencier, formateur et coach, que je propose un peu partout dans le monde et, entre autres, à l’Institut de leadership en gestion. C’est un amalgame de tout mon parcours en pub, en communication, en cinéma; comme conférencier et comme narrateur.

Mon approche intègre les façons de faire du cinéma et de la bande-annonce. En une minute, une minute trente, il faut trouver le moyen de donner envie aux gens de voir le film, les convaincre qu’il est pour eux, faire passer de l’information et de l’émotion. Quand on arrive à structurer, simplifier, clarifier, justifier et amplifier son message, le résultat est électrisant ! C’est ça que j’appelle exprimer l’Extraordinaire. Il est partout et en chacun de nous. Quand on se donne le droit de toucher à ce qui nous fait vibrer et tripper, on donne le goût aux gens d’écouter leurs passions et de passer à l’action. »

Comment êtes-vous passé de la voix francophone de Paramount à la présidence du Global Speakers Federation ?


« Il y a une douzaine d’années, j’animais la soirée des Grenier d’Or avec Normand. À la fin de la soirée, Jean-François O’Kane, le photographe de l’événement, est venu me demander si je connaissais la CAPS (Canadian Association of Professional Speakers). Il faisait partie de cette association et donnait des conférences sur la photo. Il m’a suggéré d’aller y faire un tour. J’ai assisté à une première réunion et j’ai adoré.

Au fil des années, je suis devenu président à Montréal. Puis en 2013, le président national. C’est à ce moment que j’avais la responsabilité d’organiser le sommet international des conférenciers pour la Global Speakers Federation. Je suppose que j’ai fait un bon travail puisqu’on m’a demandé de me joindre à la Fédération. On m’a rapidement proposé d’être président. J’ai dit non quelques fois, puis j’ai dit oui. Ça ne voulait pas nécessairement dire que j’allais être élu, mais bon, les astres se sont alignés et ça a fonctionné ! »


Pourquoi s’organiser autour d’une Fédération internationale de conférenciers ?


« La planète se globalise et les organisations aussi. Les entreprises ont aujourd’hui accès à des experts conférenciers partout dans le monde. Nous devenons donc tous un peu concurrents, mais en même temps, si nous apprenons à collaborer et à nous ouvrir à cette réalité mondiale, les possibilités deviennent exponentielles !

Notre mission est de dynamiser le réseau et de pulvériser les barrières géographiques pour que les connaissances puissent circuler librement, prendre racine et fleurir un peu partout dans le monde. Nous favorisons également la création de nouvelles associations, comme la toute récente au Brésil. On discute aussi avec le Moyen-Orient, la Chine, l’Inde qui sont des marchés émergents. Une fois le noyau bien en place, on peut facilement imaginer l’ampleur que peut prendre le mouvement à travers le monde. »

Quel impact la parole a-t-elle eu et a-t-elle toujours dans ta vie ?


« Je suis arrivé ici dans les années 60 et, à cette époque, je me sentais un peu différent des autres... mais ça n’a pas duré longtemps ! J’ai rapidement pris racine au Québec et je me considère un Québécois pure laine (même si ma fibre est faite de coton égyptien !).

Le droit de parole dont nous jouissons dans notre société est une valeur fondamentale qu’on ne retrouve malheureusement pas partout dans le monde et le fait de pouvoir représenter mon pays, le Canada, sur la scène internationale est une grande fierté pour moi. La parole, c’est le pouvoir de changer les choses; c’est le Verbe à l’origine de l’univers; c’est une énergie créatrice infinie. À nous de nous en servir à bon escient pour façonner un monde meilleur. Chaque fois que je prends la parole, c’est un privilège. »