De l’arène romaine où César levait ou baissait le pouce selon la réaction de la foule aux commentaires des partisans des Canadiens sur Facebook à l’issue d’une défaite, le gérant d’estrade adore depuis toujours partager son point de vue avec ses pairs. Et s’il y a une tribune où le débat sportif devient religion, c’est bien à la radio. 
On en jase ici avec un fan fini de sport et de radio.

Petite ligne ouverte avec Yves Bombardier




Yves Bombardier, vice-président programmation/information et directeur général 91,9 Sport, RNC Média

Yves, après des années de silence radio sportif, RNC Média prenait la décision l’an dernier de changer la vocation de Radio 9 pour en faire une station dédiée aux sports. Pourquoi ce choix dans un marché déjà très bien desservi en la matière ?

Yves : Le sport c’est rassembleur. C’est du divertissement, c’est facile, c’est l’fun. Et c’est émotivement prenant. Ça crée des rivalités, de l’opposition, des débats. La radio parlée est le média par excellence pour favoriser ces échanges; tu ne retrouveras cette dynamique dans aucun autre média. Depuis la fermeture de CKAC Sports, il y avait un vide. On a décidé d’aller de l’avant.

Toi et Mario (Cecchini, le nouveau PDG de RNC Média) avez lancé CKAC Sports à l’époque. Quelle différence y a-t-il entre la défunte station et celle que tu as lancée l’an dernier ?

Yves : Trois éléments : l’équipe, la composition de l’auditoire et un monde plus branché. L’équipe n’est pas la même qu’à CKAC. Oui, Michel (Langevin) fait un peu le pont entre CKAC et 91.9, mais tout plein de nouveaux collaborateurs se sont ajoutés. Et d’ailleurs, même Michel a évolué. Il ne travaille plus de la même façon. Il s’est upgradé !

Côté auditoire, évidemment on retrouve les vieux de la vieille. Mais on a également vu débarquer une toute nouvelle génération d’auditeurs. Des jeunes, brillants, articulés, qui ont tout ce qu’il faut pour tenir de solides discussions avec nous. Et partager, ils sont habitués. Ce sont les enfants du numérique.

On vit dans l’ère du partage. Les gens partagent constamment sur les médias sociaux leurs coups de cœur. Notre station s’intègre parfaitement dans ce nouvel ordre. Par exemple, si quelqu’un nous texte son opinion, on peut l’appeler pour l’inviter à commenter en ondes. Les frontières s’étiolent.

Et comment se porte 91,9 Sport après un an  ?

Yves : La station va très bien. L’an 1 servait à mettre la table, à monter — et roder — équipes et émissions. L’an 2 focalise sur la bonification. J’ai d’ailleurs annoncé récemment des ajouts importants à la grille tant en termes d’émissions que de collaborateurs. Le travail accompli démontre notre sérieux. Et si on ne l’était pas, tu peux être certain qu’on n’aurait jamais réussi à convaincre des Mike Bossy et des Pierre Houde à se joindre à nous.

Comme tu le sais, j’ai collaboré avec vous l’an dernier pour la création du site et du branding de la station. Lors de la prise de photographie des animateurs, j’avais été frappé par la bonhommie de ces individus; une franche camaraderie qui se sent également en ondes. C’est important — et voulu — cette énergie ?

Yves : Ça n’a rien à voir avec le hasard ! Contrairement aux radios musicales, le casting est fondamental en radio parlée. Tu n’écoutes pas autant une station qu’un individu. Tu choisis Langevin pour ce qu’il est, tu écoutes Jean-Charles (Lajoie) parce que c’est Jean-Charles. C’est un travail de longue haleine d’identifier ces individus et surtout de les mixer : unir (Georges) Laraque et Gonzo (Stéphane Gonzales), a priori ce n’était pas un naturel, mais ça marche ! Oui, ce sont tous des esprits forts, mais au fond, ce sont encore des petits gars. Gamins, ils jouaient au soccer dans le parc. Ils ont continué à jouer en faisant du sport. Et maintenant, ils s’amusent encore, mais à la radio.

J’ai l’impression qu’on retrouve les mêmes visages dans tous les médias sportifs. La relève, ça existe ?
Yves : Tout à fait. Va sur TVA Sports, va à RDS, tu vas découvrir tout plein de nouveaux joueurs. Mais c’est sûr qu’avant d’obtenir le statut d’un Réjean Tremblay, ça prend du temps. Mais il y en a qui vont y arriver, c’est sûr. Regarde juste de notre côté avec Meeker (Guerrier) et Louis-Phillippe (Guy) : deux jeunes pleins d’énergie, pleins d’idées, volubiles et passionnés. Quand je leur parle de programmation, je vois briller au fond de leurs yeux la petite étincelle radiophonique.

La même qui brille au fond des tiens, hein ?

Yves : 100 % fan, c’est toi qui tu l’as dit ! (RIRES)