Fascinant outil de développement urbain, le phénomène des villes intelligentes se déploie un peu partout sur la planète. Mais qu’en est-il de nos villes québécoises? Afin d’en savoir plus, on s’est tapé un petit aller-retour sur l’autoroute 20 de l’information, entre les villes de Québec et de Montréal.

Messieurs. Jour après jour, on entend parler des performances de villes telles que Singapour, Barcelone et New York en matière de villes intelligentes. Comment vont nos propres villes ?

Harout : Pour Montréal, ce secteur d’intervention urbaine est très récent. Jusqu’en 2013, la Ville n’avait aucun positionnement en matière de ville intelligente. En 2014, nous nous sommes enfin dotés du Plan d’action Montréal, ville intelligente et numérique 2014-2017. Nous avons créé le Bureau de la ville intelligente et numérique, lequel — en consultation avec les citoyens — a défini une stratégie numérique très claire, tablant sur la mobilité, la transparence, les services numériques, l’aménagement urbain et le développement économique.

Hugo : La Ville de Québec est active dans ce secteur depuis 2009 grâce à l’appui de Québec International ainsi que celui de collèges et d’universités — dont l’Université Laval et l’Université de Montréal . Nous avons développé plusieurs projets dans six secteurs prioritaires, dont les services au citoyen, l’eau, le transport, la sécurité, le développement économique ainsi que les infrastructures et immeubles. Mais c’est un domaine encore très jeune. Voilà 7-8 ans, on se demandait encore c’était quoi une ville intelligente!


Et c’est quoi une ville intelligente ?

Hugo : C’est tout d’abord une ville mieux gérée, plus performante, et ce, grâce au soutien des TI. Cependant, l’utilisation des TI ne rend pas une ville plus intelligente !

Harout : En effet, une ville intelligente n’est pas une ville technologique. La technologie n’est pas une fin en soi, mais uniquement un moyen de créer de la plus-value en déployant une intelligence aussi collective que technologique.

Harout Chitilian, vice-président du comité exécutif et responsable des dossiers de la ville intelligente et des TI, Ville de Montréal


Concrètement, ça apporte quoi à Montréal et à Québec de devenir plus « intelligentes » ?

Hugo : Ça nous permet de répondre à des questions très importantes. Comment pouvons-nous offrir une meilleure qualité de vie aux citoyens ? Comment peut-on leur faciliter davantage la vie ? C’est ainsi que sont nés plusieurs projets tels que Copilote, un projet étudiant qui est devenu une application permettant aux citoyens de Québec de trouver des bornes de stationnement libres près d’eux et d’en acquitter les frais. Nous travaillons présentement à un projet de cour virtuelle visant à faciliter l’interaction entre le citoyen et le système juridique local. [Du 4 au 9 avril 2016, Québec a eu sa première semaine numérique.]

Harout : Du côté de Montréal, notre plan de match comprend 70 projets répartis en 6 chantiers, allant du déploiement de la fibre optique à domicile au déploiement du Wi-Fi public, en passant par la création de « défis innovations » comme Défi Vélo MTL. Ce hackaton a permis aux participants d’utiliser des données ouvertes de la ville et de Bixi afin de développer des solutions pour améliorer l’usage du vélo comme moyen de transport.

Hugo Grondin, directeur de la division soutien à la stratégie des services, Service des technologies de l’information, Ville de Québec


En 2012, la Ville de Québec faisait partie du Top 7 de l’Intelligence Community Forum (ICF). Le 10 février dernier, c’était au tour de la Ville de Montréal de se hisser jusqu’à ce prestigieux Top 7. C’est donc maintenant 1 à 1. Assisterons-nous bientôt à une rivalité numérique du même type que celle qui existait du temps des Nordiques et des Canadiens ? (RIRES)

Hugo : On pourrait dire ça ;) Mais au-delà des concours, ce que j’apprécie surtout c’est la collaboration qui existe entre les villes. Nous sommes régulièrement en communication avec Stéphane (Goyette - directeur du Bureau de la ville intelligente) et son équipe. Et, mensuellement, les directeurs de services TI des 10 principales villes québécoises se rencontrent. Ce regroupement, c’est aussi une autre forme d’intelligence !

Harout : En effet, les villes se parlent. Ici, au Québec, et ailleurs dans le monde! Elles réalisent qu’elles vont devenir le niveau de gouvernement qui sera le plus sollicité pour faire face aux nouveaux enjeux contemporains relatifs à l’urbanisation croissante mondiale. Pensons aux questions relatives au climat, à la sécurité, à l’intégration des immigrants. Mais rien ne nous empêche d’être un peu compétitifs aussi ;) Et à ce rythme-là, j’espère bien ramener la coupe des villes intelligentes à Montréal avant les Canadiens! (re-RIRES).


Que ce soit en matière d’économie, de mobilité urbaine, d’environnement ou de qualité de vie, il est clair que l’intégration de la technologie et l’ouverture des données va permettre à Montréal et à Québec de faire de fort belles choses. Dommage toutefois que toute cette technologie intelligente n’ait pas été disponible en 1987. On saurait enfin si le but d’Alain Côté était bon ou pas!

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Article paru dans le Grenier magazine du 7 mars. Pour vous abonner, cliquez ici.