Vos gestes, votre posture, vos démangeaisons, vos croisements de jambes sont autant d’indices qui vous révèlent comment vous vous sentez. Ils indiquent votre degré d’aisance avec votre interlocuteur, votre niveau de concentration et de fatigue, votre sentiment de confiance, de reconnaissance et d’ouverture. Votre état corporel est visible pour un œil averti, mais il peut aussi le devenir pour vous et, ainsi, vous permettre de reconnaître les situations à risque. En effet, si vous décelez plus rapidement vos moments de vulnérabilité, vous pouvez vous ajuster, définir vos limites, mettre en place des moyens de protection.

À l’écoute de votre instinct

La grande majorité de nos pensées demeurent inconscientes, ce qui n’empêche pas le corps d’y réagir. Trop souvent, nous ne sommes pas à l’écoute de ce que l’on appelle « l’instinct ». Or, votre instinct, c’est, bien souvent, votre inconscient qui a analysé la situation, qui a établi des parallèles et qui vous envoie des messages. En effet, notre cerveau enregistre beaucoup d’informations dans la mémoire. Quand un même pattern se répète, le cerveau sait donc reconnaître les signes de similarité. Il en est de même pour le langage corporel. Vous n’avez pas besoin d’analyser une situation en long et en large pour vous rendre compte que votre collègue ou votre patron est sur le point d’exploser de colère. Votre cerveau a déjà compris qu’il valait mieux vous éloigner.

Biais d’interprétation

Évidemment, vous pouvez avoir des biais d’interprétation et porter un mauvais jugement sur la réaction corporelle de quelqu’un. Si vous vous êtes levé du mauvais pied un matin, votre perception des situations de la journée risque de s’en trouver entachée. C’est normal. Si vous avez vécu plusieurs mauvaises expériences ces derniers temps, il est possible que vous anticipiez d’un mauvais œil une situation à venir.

Or, comme les gens réagissent consciemment et inconsciemment à votre attitude, si vous partez avec l’idée, par exemple, qu’une rencontre avec le client Y ne donnera rien de bon, il est fort possible que vous ayez raison. Si vous croyez que ce sera une rencontre géniale, là encore, il y a de bonnes chances que vous ayez raison.

Il est donc toujours préférable d’avoir une attitude d’ouverture. Ainsi, si votre inconscient décèle quelque chose d’incohérent chez l’autre, les signaux d’alarme seront plus visibles et plus facilement reconnaissables.

Observez votre inconfort

Si vous êtes inconfortable avec un client, un partenaire ou un collègue, votre esprit, et par conséquent votre corps, va demeurer en mode vigilance. Il est en effet très difficile de se détendre lorsque l’on ne se sent pas bien avec quelqu’un. Vous ne serez peut-être pas capable de mettre des mots précis sur votre état, mais vous allez ressentir votre malaise.

Votre malaise en présence de votre interlocuteur sera donc visible, et ce, par les items suivants :

  • Transfert de poids vers l’arrière en position debout ou assise
  • Croisement de vos jambes et/ou de vos bras : les jambes se croisent vers la sortie ou dans la direction opposée à votre interlocuteur
  • Détournement du regard ou fixation de ce dernier
  • Tendance à tenir plutôt fermement certains objets ou parties de votre corps : la tasse de café, les clés, les bras du fauteuil, vos bras, vos avant-bras, vos doigts
  • Fixation de la main devant la bouche
  • Absence ou forte diminution de la quantité de vos gestes
  • Maintien d’une bouche close
  • Démangeaisons fréquentes et récurrentes au niveau des jambes (envie de quitter), des bras (envie de se protéger), de l’arrière du cou (refus de communiquer) ou du visage (l’interprétation varie selon la zone)
  • Tendance à boire davantage d’eau, de café, etc.

Réactions internes

Lorsque l’on est inconfortable dans une situation, plus le malaise s’accentue, plus le rythme cardiaque s’accélère et plus il y a de chances que des démangeaisons apparaissent. Les dermatologues ont en effet démontré que le grattement permet de calmer les zones émotionnelles du cerveau. Se gratter entraîne donc une détente!

Évidemment, si vous êtes attentif à vos réactions, vous remarquerez aussi que votre respiration est moins fluide si vous êtes stressé en présence de votre interlocuteur. Si le malaise est intense, votre température corporelle augmentera, tout comme votre niveau de sudation.

Choix à faire

Si vous observez, sur vous et en vous, des signes de malaise et d’inconfort, vous avez alors le choix de demeurer dans cette situation ou de vous en extirper. Bien souvent, quand on affirme ne pas avoir le choix, c’est généralement parce que l’on ne sait pas comment sortir de la situation de façon polie et harmonieuse.

La première question à vous poser est : qu’est-ce qui vous rend mal à l’aise? Est-ce parce que le sujet abordé dans la discussion vous est inconnu et vous ne vous sentez pas compétent pour en parler? Est-ce parce que vous êtes dans une rencontre de réseautage et ne savez pas comment présenter votre entreprise? Est-ce parce que vous passez un entretien d’embauche et avez l’impression que vos réponses ne sont pas bien accueillies? Bref, quelle perception avez-vous de la situation? Dans tous les cas, rappelez-vous que vous faites de votre mieux. Gardez cependant en mémoire cet instant afin de pouvoir, plus tard, mieux vous y préparer. Évidemment, si vous êtes en présence d’un interlocuteur qui vous déplait tout particulièrement, il ne sert à rien de poursuivre la conversation. Il y a des chances que l’entretien ne soit pas plus agréable pour lui (à moins que vous soyez face à un pervers narcissique). Dans une rencontre de réseautage, par exemple, vous pouvez informer votre interlocuteur que vous allez prendre le temps de saluer les autres convives. L’idée est d’être à l’écoute de votre ressenti afin de faire en sorte d’être plus souvent dans une zone de confort que de total inconfort.

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Annabelle Boyer, CRHA, experte en langage corporel (synergologie) et génagogue (consolidation d’équipe). Elle est auteure des livres Je lis en vous, savez-vous lire en moi? L'ABC du non verbal en amour, Relations sous emprise et L’ange-gardien du samouraï chez Béliveau Éditeur. Elle dirige également ABC Solution Développement organisationnel, une firme spécialisée en développement organisationnel et en ressources humaines.