L’entrepreneuriat fait non seulement rayonner le Québec, mais il y crée aussi de l’emploi. Portrait de la situation avec Rina Marchand, directrice principale, contenus et innovation à la Fondation de l’entrepreneurship.

Si nous ne mettons pas suffisamment d’efforts à former et à aider les entrepreneurs d’aujourd’hui, de même que la relève de demain, nous pourrions voir plusieurs entreprises québécoises fermer leurs portes ou encore être vendues à l’international. « C’est toujours une perte de voir partir un siège social. Les PME sont tellement dans l’action qu’elles ne songent pas toujours à la relève. L’erreur est souvent de penser que ça va se faire rapidement, mais transférer correctement une entreprise peut prendre de 5 à 10 ans », précise Rina.

L’entrepreneur québécois


Avons-nous suffisamment d’entrepreneurs au Québec pour répondre efficacement à ce besoin ? Et comment se porte notre relève ? Chaque année, depuis 2009, la Fondation de l’entrepreneurship fait un sondage grand public pour mesurer l’intention des gens à se lancer un jour en affaires. La cueillette de ces données leur permet de mesurer l’indice entrepreneurial québécois. Celui-ci trace donc le portrait de l’entrepreneuriat au Québec, et ce, en quatre grands indicateurs : l’intention, la démarche, les propriétaires et la fermeture. « Nous sommes ainsi capables de voir le passé, le présent et le futur de l’entrepreneuriat au Québec », explique la directrice principale.

Alors que le désir de démarrer son entreprise peut naître d’un manque d’emploi, ce n’est pas le cas au Québec. L’indice nous dévoile que les raisons principales qui poussent les Québécois à se lancer en affaires sont de « suivre leurs aspirations personnelles et leurs passions, de contrôler leur destinée, puis de se réaliser », explique Rina.

L’indice nous permet également d’observer que les 18-34 ans sont trois fois plus intéressés à se lancer en affaires. Le défi demeure cependant au niveau de la concrétisation. Combien en viendront à réellement lancer leur entreprise ? Il faut également savoir que les 18-34 ans sont trois fois plus nombreux à fermer leur entreprise dans la première année, comparativement aux 35 ans et plus. « Les plus jeunes ont besoin d’accompagnement quand ils se lancent. Le manque d’expérience et de crédibilité joue contre eux », précise Rina. Pour éviter une situation fâcheuse, il devient donc important de se poser les bonnes questions, d’aller chercher l’information manquante et de bien s’entourer.

Le petit guide de l’entrepreneur qui réussit à coup sûr


Malheureusement, il n’existe pas. Cependant, il est possible d’avoir des bases solides en se posant les bonnes questions, en s’informant sur les avenues possibles et en déterminant celle qui est la bonne pour nous. « L’entrepreneur doit tout d’abord s’enlever de la tête qu’il doit tout connaître pour être un bon entrepreneur. Il faut qu’il s’entoure et qu’il sache dans quoi il est moins performant. Il n’est pas l’expert de la comptabilité : il est l’expert de la vision », souligne Rina.

L’entrepreneur doit être sensibilisé à la réalité qu’il s’apprête à vivre pour les années à venir. « C’est un énorme investissement de sa part, et ce, pour une grande période de temps. Il n’aura jamais d’horaire normal, puisqu’il fera énormément d’heures par semaine. Il ne peut pas s’en sortir sans y mettre toute son énergie », explique-t-elle. L’entrepreneur doit savoir si l’entreprise qu’il désire créer répond à un réel besoin du marché ou simplement à un intérêt personnel. Il doit connaître sa compétition, en gardant toutefois en tête que, bien souvent, elle dépasse les limites de sa région et même parfois celles de son pays. Ce tourbillon de questions peut parfois décourager les futurs entrepreneurs. Pour cette raison, plusieurs outils sont mis à la disposition des intéressés, comme le Réseau M.

Rina Marchand

Réseau M


Le Réseau M est un service de mentorat créé en l’an 2000. Il compte maintenant 1 900 mentors bénévoles aux quatre coins du Québec. Chaque année, c’est environ 3 800 entrepreneurs qui sont accompagnés dans leurs démarches professionnelles, et ce, un peu partout au Québec. Un mentor aide le jeune entrepreneur à briser l’isolement et lui permet de profiter de son expérience. Le Réseau M s’adresse toutefois aux entrepreneurs ayant déjà démarré leur entreprise. « Nous accompagnons l’individu. Nous sommes là pour développer son leadership, son sens critique, son sens de la communication, etc. Nous sommes présents pour l’individu, et ce, peu importe l’étape à laquelle il est rendu dans son parcours, donc même pour ceux qui sont rendus à organiser le transfert de leur entreprise », précise Rina.

Les entrepreneurs, ces individus rejetant le statu quo et n’ayant pas peur de prendre des risques, sont prêts à tout pour mener à bien leurs projets d’affaires. Ils assurent d’ailleurs la création de nouvelles entreprises et la succession réussie de celles qui sont déjà existantes. Il importe donc de bien supporter ces entrepreneurs, et ce, de façon à veiller à la pérennité de l’entrepreneuriat au Québec.


Article paru dans le Grenier magazine du 18 janvier 2016. Pour vous abonner, cliquez ici.