Crédit photo : Jonathan Laflèche

Depuis 22 ans, Sylvie Gagné sait garder son calme et elle sait aussi très bien calculer le temps, autant à l’endroit qu’à l’envers! Cette assistante-réalisatrice de contenus en direct a travaillé sur de nombreux plateaux, dont ceux de Star Académie et de La Voix. Elle nous fait aujourd’hui découvrir ce que signifie vraiment l’expression « avoir le sens du timing ».

Quel est le projet qui a lancé ta carrière ?
Sylvie Gagné : J’ai fait mes études au Cégep de Jonquière, dans le programme Art et technologie des médias (ATM). À la fin de mes études, je devais faire un stage de 5 semaines en milieu professionnel. C’est alors que mon professeur m’a annoncé que j’allais faire le mien sur un plateau de nouvelles : j’allais donc être assistante-réalisatrice à TQS. Honnêtement, au début, je ne savais pas si j’étais plutôt contente ou stressée. Cela dit, j’ai vraiment aimé mon expérience! Le fait de travailler aux nouvelles a été une très bonne école pour moi, puisque tout peut changer à n’importe quel moment et il faut souvent se réajuster, sans vraiment avoir de filet de sécurité. Par la suite, j’ai quitté TQS pour me trouver un autre projet, en variété, car c’est ce qui m’intéressait vraiment le plus.

Comment choisis-tu tes projets ?
S. G. : Je choisis d’abord en fonction de l’équipe ou du réalisateur. Une équipe bien organisée, c’est un détail qui m’assure d’avoir du plaisir. Toutefois, j’ai un faible pour les shows de musique et pour les variétés !

Qu’est-ce que tu aimes le plus du direct ?
S. G. : C’est une profession imprévisible. Mon expérience me permet d’avoir de meilleurs réflexes et de m’adapter plus rapidement, mais je ne suis jamais à l’abri. En effet, on ne sait jamais ce qui peut se passer pendant un show en direct!

Crédit photo : Jonathan Laflèche

Comment te prépares-tu pour une émission en direct ?
S. G. : Entre autres, je dois faire mon cue sheet. C’est un document où on trouve chaque item de l’émission : le son, le visuel, les effets, les supers, la mise en scène… Lors de l’émission, le réalisateur n’a pas le temps de suivre cette feuille. Je lui donne donc les informations à l’avance. De cette façon-là, quand je lance un « Standby sur Charles, avec micro-bâton », je sais que l’équipe d’éclairage va se placer sur Charles et que l’équipe au son va prendre le bon équipement.

Comment se déroule les répétitions pour une émission comme La Voix ?
S. G. : Le vendredi, nous avons une répétition sans caméra. Le réalisateur et moi faisons la mise en scène avec l’équipe et je m’assure de tout prendre en note. C’est le moment où on voit en « vrai » ce qu’on a préparé préalablement, mais sur papier. Je prends donc des notes sur les déplacements des caméras et sur le temps que ça prend, mais aussi sur l’éclairage, la mise en scène, etc. En gros, je mets mon cue sheet à jour, au fur et à mesure. Après, je dois m’assurer que toutes les informations et que tous les changements soient bien transmis aux 75 personnes de l’équipe! Le samedi, c’est la répétition avec les caméras. Ça veut donc dire que les caméramans s’ajustent, mais ça veut aussi dire qu’ils n’ont encore rien vu du show… donc c’est mon travail de leur expliquer ce qui va se passer et comment nous allons faire tout ça! Le dimanche après-midi, c’est la générale, mais elle se termine très souvent seulement 1h avant le show!

Selon toi, quel est le plus grand défi posé par une émission en direct ?
S. G. : C’est les changements de décors! Par exemple, pour une des émissions de Star Académie, nous avions une immense scène mobile, sur laquelle nous avions 25 musiciens de l’OSM, accompagnés par Éric Lapointe qui devait descendre du plafond. Les techniciens ont dû rester couchés par terre jusqu’à la fin de la chanson, car ils n’avaient pas réussi à sortir à temps! Je devais donc m’assurer que le réalisateur ne cadre pas un des techniciens.

Est-ce que tu as un rituel, avant le début d’une émission en direct ?
S. G. : Je fais un time check, c’est-à-dire que je m’assure que l’horloge de la régie soit à la même heure que celle de la station de mise en ondes. Je revérifie le temps des pauses publicitaires, de même que mes heures de début et de fin d’émission. Pour un gros show comme La Voix, je te dirais qu’il n’y a pas grand-chose qui se dit 4-5 min avant le début de l’émission. Tout le monde est attentif à mon décompte, alors j’aime bien en profiter pour motiver les troupes avec un : « Gang, j’espère qu’ils sont bien assis dans leur salon, parce que ça va rocker! ».

Sylvie est une vraie passionnée du direct. Elle maîtrise avec brio le temps et les imprévus, dans le but de donner le meilleur divertissement possible aux téléspectateurs. Comme elle se plaît à le dire : « Une émission en direct, c’est comme un vol d’avion : on veut surtout que le décollage et que l’atterrissage se déroulent parfaitement! »


Article paru dans le Grenier magazine du 14 novembre 2015. Pour vous abonner, cliquez ici.