Dans le cadre du Mois de la francophonie, TP1 présentera une série de quatre textes sur le français. Le thème de cette semaine : les buzzwords.

Au premier contact, ils produisent toujours le même effet : des yeux en point d’interrogation et la tête qui acquiesce machinalement. On les aime autant qu’on les hait, ces mots vides de sens qui veulent tout dire, les précieux buzzwords. Ou, en français, magnifiques jargonneries.

Leur utilisation abusive forme un brouillard autour de leur définition, ce qui donne à ces termes un air de formules vaudou tirées d’un grimoire. Alors, ensemble, laissons entrer la lumière.

Explorons leur étymologie en disséquant trois savoureux exemples.

Disruption (du latin disruptum de disrumpere, rompre)

Définition d’Antidote : Ouverture brusque d’un circuit électrique. Dans une industrie où il faut être brillant et percutant, l’image est d’une justesse remarquable. Mais à trop l’utiliser, on diminue son impact. Aujourd’hui, tout doit être disruptif. Mets-en dans tes idées, dans ta stratégie, dans ton pad thaï au tofu du midi. On en veut. Partout.

Big data

Le truc sonne orwellien, on ne se le cachera pas. L’expression serait apparue en 1997. Ici suit sa vague définition : c’est un lot d’informations si énorme et complexe que son traitement requiert des méthodes différentes de celles utilisées habituellement en gestion de données. Ouf. Respirons un peu.

Sa signification est large et sa dimension infinie. Si tu n’es pas familiarisé avec la bibitte, normal que tu aies l’impression de plonger en pleine science-fiction.

Viral

Danger : adjectif radioactif. À force d’y être exposés, les créatifs ont développé des maux de ventre; les stratèges, des migraines. Cet adjectif est un emprunt au lexique médical. Relatif au virus, le terme a infecté le vocabulaire des communications. Il désigne aujourd’hui la propension d’un message à se répandre rapidement. Faites sonner l’alarme : il a contaminé… tous… les… briefs. Si l’on veut conserver une industrie en santé, il va falloir se calmer un peu avec cette histoire de viralité. Prenons une tisane. Continuons la recherche de bons insights. Et nous pourrons en créer, des campagnes virales.

Des mots-clés

Qu’on les aime ou non, ces mots méritent leur place. Les experts les dénichent ou les créent pour combler un vide langagier. Ils ne sont pas conçus aléatoirement dans une usine linguistico-nucléaire, par des ouvriers de la langue qui martèlent Bescherelle et dictionnaires afin d’assembler des mots-PowerPoint.

Par contre, si tu as envie de jouer à l’ouvrier de la jargonnerie, visite ce site.

Bon, ben, c’est ça… Onsevoitsmainepro.

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Gabriel Allaire, concepteur-rédacteur chez TP1