L’expression populaire «il faut comparer des pommes avec des pommes» est utilisée dans toutes les facettes de nos vies personnelle et professionnelle, souvent lors de réunion d’affaires, de négociation, d’un achat important comme celui d’une maison ou d’une voiture, etc. On fait souvent la comparaison à notre avantage et c’est humain.

On ne se vante pas, mais on s’auto-satisfait assurément! Pourtant, dans certains cas, on compare en se diminuant ou plutôt en démontrant une certaine frustration face à différentes situations, sur lesquelles nous pensons n’avoir aucune emprise.

Depuis quatre ans, j’ai pu en faire le constat alors que je parcoure les principaux évènements web et de commerce électronique de la province. Nous avons la fâcheuse tendance à se considérer petit face aux géants du web. On compare avec envie la taille du marché québécois avec les États-Unis, l’Europe voire l’Asie. «Oui mais eux, ils ont Amazon et Alibaba. Ils sont plus nombreux que nous, plus riches, etc.».

Le monde est ce verger où les États-Unis, l’Europe et l’Asie sont des gros pommiers et où le Québec est une pomme.

Je vous demande alors: «Allons-nous rester spectateurs de la réussite des uns? Allons-nous rester admiratifs de l’ingéniosité des autres? Ou allons-nous finir par nous prendre en main»? Chose certaine, personne ne le fera pour nous. Ou plutôt, si, mais pas forcément dans notre intérêt immédiat, disons.

Google n’est en effet pas née en Gaspésie (mais il a failli installer un centre de données à Mirabel il y a quelques années, ce fut été d’avoir des politiciens ambitieux) et son CFO, était jusqu’à tout récemment un de nos confrères québécois. Internet n’est pas une invention dans un garage de Rimouski, mais nous sommes parmi les internautes les plus actifs au monde. Lorsqu’on parle de commerce électronique au Québec (sujet que nous défendons au RCEQ), nous n’avons pas à rougir de notre consommation en ligne, loin de là. Nous y achetons pour plusieurs milliards de dollars chaque année et notre panier moyen est proche de celui de certains pays européens. Alors, pourquoi nos détaillants et entrepreneurs semblent-ils effrayés lorsqu’il s’agit de commerce électronique?

Je ne considère pas qu’il existe une réponse unique. Mais à forcer d’analyser les discours de chefs d’entreprises, j’ai compris que nous nous faisons peur à nous-mêmes. Oui, nous, les professionnels du web, du marketing, de la relation client, qui trop souvent, pensons que tout le monde sait c’est quoi le monde du 3W.

Dans la majorité des évènements abordant le commerce électronique, on nous vend du rêve, se résumant de manière un peu simpliste à: une boutique en ligne, un peu de marketing avec Google, un profil Facebook, du bouche à oreille et le tour est joué. Faux! Sinon, nous serions tous entrepreneurs en ligne demain matin.

En effet, de plus en plus de plateformes intégrées permettent une mise en ligne rapide des produits et services, évitant de longues heures de programmation. Mais encore faut-il trouver celle qui corresponde à vos besoins à court, moyen et long termes. Toutes ne le font pas.

Il y a de plus en plus d’interactions avec les médias sociaux, Facebook notamment. Mais autant que Google à un quasi monopole dans les moteurs de recherche, Facebook a le sien sur les plateformes sociales. Donc, tout comme dans Google, plein de choses ne se voient/trouvent pas/plus dans les médias sociaux.

Demandez à un détaillant «brick et mortier» s’il a été simple pour lui de lancer sa boutique. Il s’est sûrement fait dire quelque chose du genre: «trouvez un local, stockez vos produits en arrière, soignez votre vitrine. Une présence dans les Pages Jaunes, du bouche à oreille et le tour est joué.» Encore une fois: faux! Sinon, nous serions déjà tous détaillants.

Que ce soit pour devenir un acteur en ligne en complément d’une ou plusieurs boutiques physiques ou bien d’être un «pure players» du commerce électronique, il y a une réflexion d’affaires stratégique, souvent longue et parfois coûteuse, mais qui permet au bout du compte de savoir précisément dans quoi on s’embarque.

C’est ennuyant de voir comment le «commerce électronique» est devenu un buzz depuis quelques années. A croire que c’est une nouvelle tendance. Non, ce n’est pas nouveau. C’est justement là qu’est le problème. Nous avons perdu assez de temps dans l’entreprenariat en ligne, qu’il soit B2C ou B2B. Nous avons de la richesse et du talent ici au Québec pour combler ce retard. Propulsons nos détaillants, formons notre jeunesse et ne l’effrayons surtout pas au sujet de l’entrepreunariat. Envolons-nous vers le marché du web car il nous tend les bras.

L’entreprenariat en commerce électronique a besoin d’être encadré et structuré. C’est aussi notre mission au RCEQ. Soutenu par l’écosystème et les commerçants, nous avons besoin des meilleurs professionnels pour arriver à défendre les intérêts de l’industrie. C’est en regardant les autres faire que nous resterons spectateurs et non acteurs de nos propres destinées d’affaires.

Ayez de l’ambition, allez au-delà des frontières, maîtrisez-vous, mais n’ayez pas peur du succès que peut vous offrir le commerce en ligne. Steve Jobs a bien créé sa légende autour d’une pomme, lui. :-)