Par cet article, je veux saluer toutes les courageuses personnes que j’ai rencontrées au cours des années, dans mon travail en transition professionnelle. Je souligne leur vaillance et leur bravoure, parce qu’une transition professionnelle réussie exigera d’investir des efforts importants et de surmonter l’anxiété associée à l’anticipation d’éventuels rejets et autres risques, réels ou perçus.

Je rends un hommage tout spécial à Julie, qui amorce un nouveau virage à sa carrière. Au terme d’une deuxième transition professionnelle en dix ans, elle débute avec enthousiasme un nouvel emploi cette semaine. Merci Julie de parfois accepter de servir d’exemple vivant de réussite en transition professionnelle, en partageant ton expérience avec ceux qui sont en mal d’espoir.

Je pense aussi à Anik, qui s’engagera sous peu aussi dans une seconde transition professionnelle. Anik a récemment choisi de quitter une situation professionnelle enviable, pour rechercher ce qu’elle désire vraiment à cette étape de sa vie. Non, elle n’a pas gagné à la loterie. Elle a simplement mesuré le pour et le contre et choisi de modifier son style de vie de façon à pouvoir se permettre de poursuivre de nouveaux objectifs. Bonne route, Anik.

Enfin, je célèbre les efforts de tous ceux qui ont déjà réussi leur virage et ces autres personnes qui persévèrent dans leurs efforts de transition professionnelle, malgré les embûches et les déceptions occasionnelles.

En transition professionnelle, certains n’atteindront pas leurs objectifs, parce qu’ils répugnent à consentir les efforts nécessaires ou ne peuvent simplement pas prioriser cette activité de façon à y accorder le temps utile. Ceux-là entreprendront sporadiquement quelques actions mal planifiées et mal ficelées, puis ils abandonneront, leur confiance minée par leurs échecs.

Pour la plupart, par ailleurs, c’est davantage la peur du risque qui fera dérailler leur volonté de transition professionnelle. La crainte de l’inconnu et des dangers qu’il recèle, fera en sorte qu’ils demeureront dans un emploi qui les rend malheureux, plutôt que de s’exposer aux risques qu’ils appréhendent.

C’est tristement souvent après avoir perdu leur santé que plusieurs accepteront d’affronter leur crainte de l’inconnu et en viendront à s’investir pour définir une suite à leur vie professionnelle. En somme, la nécessité du changement est acceptée, lorsque l’inconfort de la situation devient plus grand que la peur de l’inconnu.

Pourtant, dans la plupart des cas, le risque associé à la recherche d’emploi est relativement minime. Par exemple, en ce qui concerne un éventuel bris de confidentialité : si son employeur est informé de ses démarches, un chercheur d’emploi s’exposera probablement à un malaise, peut-être à un échange désagréable avec son patron, mais il ne perdra pas son emploi. J’ai même vu de telles situations qui ont plutôt eu pour conséquence que l’employeur porte enfin attention aux doléances maintes fois exprimées par son employé et en vienne à prendre action à l’égard de celle-ci.

De même, certains seront freinés par le risque d’un éventuel rejet. S’il est admis qu’une réponse défavorable peut entrainer une perte de confiance, le fait de demeurer passif et n’entreprendre aucune démarche pour s’extirper d’une situation malheureuse n’a pas non plus généralement tendance à améliorer la confiance et l’estime de soi. De ces deux maux, lequel est réellement moindre?

L’addition des divers risques qu’ils perçoivent et leurs tentatives de « calcul des pertes éventuelles » occasionneront à certains une anxiété si importante qu’ils en deviendront paralysés… ce qui les empêchera d’entreprendre les démarches qui leur permettraient d’invalider leurs craintes!

La "théorie des perspectives" du psychologue et économiste Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel d'économie 2002, définie ce qu’il nomme « l’aversion de la perte ». Lorsqu’ils considèrent des actions futures, les gens sont environ deux fois plus sensibles aux pertes qu'aux gains potentiels. Cet article de Psychomédia explique les grandes lignes de cette théorie alors que celui-ci (en anglais) expose plus longuement cette thèse.

Et vous, est-ce que votre aversion de la perte vous empêche d’évoluer professionnellement?