Nous vivons dans un monde pour le moins paradoxal... D'un côté, nous tenons férocement à notre droit à la vie privée et d'un autre, la plupart d'entre nous, d'une manière consciente ou non, la partageons dans des réseaux sociaux ou en laissant des traces sur les sites internet que nous visitons ou, encore, en allumant simplement notre GPS. Toutes ces données s'envolent dans le World Wide Web (ou devrait-on dire World Wild Web) et donnent à des entreprises et aux gouvernements qui nous dirigent, un tas d'informations sur nous et nos habitudes. Celles-ci sont stockées dans des centres de données situés dans divers coins d'Amérique du Nord et dans le restant du monde. Alors qu'en est-il de la sécurité de ces données?

Si nous nous référons aux maniaques du grand complot mondial, nos données sont épiées en permanence par le réseau ECHELON et consorts (Frenchelon, Swechelon, Onyx...), dans lesquels plusieurs pays participent dont le Canada et soumises à une sorte de libre-échange intergouvernemental grâce au Patriot Act et autres lois servant à protéger les états contre le terrorisme et l'espionnage. C'est un fait et une réalité qui ne nous touche pas vraiment en temps qu'honnête entreprise.

Au Canada, pour ce qui en est de la sécurité des données, des entrepôts de données (data warehouses), des magasins de données (datamarts) et des centres de traitements de données (data centers), nous sommes choyés. Une série de textes de loi régissent l'utilisation des données personnelles à titre commercial, ainsi que la protection et la sécurité des données stockées dans des bases de données. On ne peut pas faire n'importe quoi, n'importe comment par opposition à une certaine libéralité aux États-Unis. Mais, détrompons-nous, il existe malgré tout des transferts de données personnelles du Canada vers les États-Unis. En effet, même si nous continuons à croire à tort que le droit canadien interdit ceux-ci, il est reconnu qu'il est important pour le commerce international que ces données voyagent des deux côtés de la frontière, mais sous conditions et sous réserve de quelques exceptions. En conséquence, les entreprises canadiennes et les organismes gouvernementaux sont libres d'échanger et de traiter des informations avec les États-Unis, mais à la condition que cela se fasse de façon raisonnable, transparente et que des mesures de protection soit en place.

Du fait, il faut différencier les termes entrepôts de données (data warehouses), magasins de données (datamarts) et centres de traitement des données (data center). Un entrepôt de données ne s'achète pas, il se construit. C'est une collection de données orientées sujet, intégrées, non volatiles et classifiées historiquement, organisées pour le support d'un processus décisionnel (Bill Inmon). Cela désigne d'une part la base de données à l'origine des magasins de données et d'autre part, l'ensemble constitué par cette base détaillée et ses magasins de données. Le magasin de données est quant à lui, un ensemble de données ciblées, organisées, regroupées et agrégées pour répondre à des besoins spécifiques. Et enfin, le centre de traitement de données est un lieu physique où sont stockées les données dans des serveurs et reliées aux entreprises par le biais d'équipements de télécommunication. La plupart des entreprises de taille moyenne possèdent leur propre centre de traitement des données. Les grandes entreprises en utilisent des douzaines. Comme ces bases de données sont cruciales au fonctionnement de l'entreprise, la sensibilité face à leur protection est à fleur de peau. Donc, ces centres ont de très hauts niveaux de sécurité et de service afin d'en assurer l'intégrité et le fonctionnement. En 2011, il y avait 2087 magasins de données dans le monde. Au Canada, ils sont regroupés dans les grandes agglomérations comme Montréal, Toronto ou Vancouver. Un très récent rapport mentionnait que certains d'entre eux consommaient autant que 250 000 foyers en électricité et que si le «cloud computing» était un pays, il se classerait au 5e rang mondial en termes de consommation électrique.

Maintenant, quelles sont les perspectives d'avenir au Québec? Récemment, Datacenter Dynamics organisait à Montréal, une conférence internationale sur le sujet. Y étaient présents IBM, Intel et d'autres joueurs majeurs du secteur afin de discuter de l'avenir de cette industrie. Tous les spécialistes furent unanimes: «Montréal et Québec bénéficient d'avantages considérables pour l’implantation de centres de traitement des données. Le climat frais, l’hydroélectricité, l’expertise… tout est là!». D'ailleurs, l'innovation était au rendez-vous grâce à VERT.COM, compagnie québécoise, qui propose des centres de traitement des données en silo et le concept du _Siloctet Prefa_b (applicable à notre cher silo N. 5 du Vieux-Port de Montréal) et les avantages de la verticalité de l'installation en silo. Ces avantages seraient de minimiser l'emprise au sol, de maximiser l'efficacité énergétique, de réduire les distances de câblage, d'adapter le déploiement progressif d'un centre de traitement des données à plus grande échelle et de réduire les coûts d'opération et d'exploitation.

Bref, l'avenir de cette industrie a de très beaux jours devant elle au Québec et dans le restant du Canada, alors pourquoi aller voir ailleurs...